Le Guide de la SF et de la fantasy

Auteur : Karine Gobled
Editeur : Actusf
Date de parution : jeudi 5 octobre 2017
Public : Adultes
Genre : Guide / Encyclopédie
Note de la rédaction :

4° de couverture

Les littératures de l’imaginaire sont multiples, protéiformes, innovantes... En mouvement constant, elles ne cessent de se renouveler et de voir de nouveaux auteurs, modes et courants apparaître.

Quels sont les principaux genres, quels sont désormais les incontournables de la science-fiction, la fantasy et du fantastique, mais aussi les prix, les éditeurs, les sites à consulter, les festivals ou encore la place de ces littératures dans la recherche universitaire ? Ce guide vous propose un grand tour d’horizon de l’imaginaire en France.

Blogueuse, membre des jurys des prix Planète-SF des Blogueurs et Actusf de l’uchronie, Karine Gobled est également coauteur du Guide de l’uchronie avec Bertrand Campeis.

Notre avis

L'avis de Siana

J’avais déjà pu apprécier le travail de Karine Gobled dans Le Guide de l’uchronie, que d’ailleurs je vous recommande. De manière générale, les éditions ActuSF proposent toujours des guides de qualité et celui-ci ne déroge pas à la règle malgré quelques bémols.
À l’égal de celui consacré à l’uchronie, Le Guide de la SF et de la fantasy va plus loin qu’une simple définition des genres et sous-genres de l’imaginaire ou qu’un catalogue de références. Vous trouverez dans cet ouvrage un panorama des littératures de l’imaginaire relativement complet. C’est le livre à avoir si vous souhaitez approfondir vos connaissances sur le sujet. Il présente l’historique des genres et les dépoussière, dézinguant parfois les idées reçues avec de bons arguments. Malheureusement, il sera sans doute lu en majorité par un public déjà convaincu et c’est bien dommage ; si les détracteurs de nos mauvais genres acceptaient de faire un pas vers eux et de découvrir un tel ouvrage introductif, peut-être pourraient-ils revoir leur position.
Le guide présente les titres emblématiques de chaque genre de façon très didactique et les agrémente de conseils de lectures associées. Il ne peut bien entendu pas être exhaustif, mais offre une vue d’ensemble la plus représentative possible. En outre, il s’intéresse à la place des littératures de l’imaginaire dans notre quotidien et notre culture et à l’évolution de celle-ci en interrogeant plusieurs acteurs de la chaîne du livre. Sont évoqués les prix littéraires, l’organisation des festivals et conventions, la représentation des ouvrages SFFF en bibliothèques, dans les médias ou encore dans la recherche universitaire. L’autrice fait de surcroît un point sur les éditeurs français et leurs spécialités.
J’ai particulièrement apprécié la volonté de Karine Gobled de montrer autant que possible la diversité de la SFFF. La partie sur la SF, qui était à mon sens la plus structurée et représentative du genre, m’a beaucoup plu. Toutefois, j’ai deux reproches majeurs à adresser à cet ouvrage.
Le premier concerne la place accordée à la bit-lit. Je comprends tout à fait qu’il faille la définir pour venir en aide au lecteur non initié qui se perd dans cet improbable fourre-tout qui va de la fantasy urbaine à la romance érotique. Cependant, après avoir justement admis que c’est un terme marketing qui ne sert pas à grand-chose, sauf à décevoir le lecteur qui trouve sous cette unique appellation tant de genres différents et à nourrir les a priori de certains snobs qui ont vite fait d’estampiller certains ouvrages « littérature pour nanas » (oui il y a des snobs même dans les amateurs de SFFF), pourquoi persister à lui donner tant d’importance ? Personne n’oserait qualifier Neverwhere de bit-lit, il s’agit pourtant de fantasy urbaine. Je vous laisse méditer sur le jugement de valeur que cela implique à la fois concernant les œuvres, leurs auteurs et le public visé.
Mon deuxième reproche, et surtout ma grande déception, concerne le chapitre consacré au fantastique. Il s’agit de mon genre de prédilection, je suis donc facilement critique, mais j’attendais beaucoup mieux. En premier lieu, et même si c’est souvent le cas, je trouve malvenu de l’assimiler à l’horreur. Il existe certes des passerelles entre ces deux genres, mais ce n’est pas à mon sens suffisant et cela contribue à la grande méconnaissance de ce genre déjà discret dans nos contrées. Toutefois, cela aurait pu passer si les deux genres avaient été traités avec plus de nuance.
La présentation commençait bien, avec une définition claire évoquant l’évolution du fantastique de sa forme classique à celle plus moderne de notre XXIe siècle puis, pour je ne sais quelle raison, l’auteur en a complètement dévié pour laisser entendre que le fantastique est un genre bâtard, un peu la poubelle des genres de l’imaginaire. J’exagère un brin, mais je l’ai ressenti comme ça.
Souvent confondu avec une certaine forme de fantasy, il sert régulièrement de fourre-tout et c’est l’image qui en est donnée dans ce guide, alors qu’il y a une vraie cohérence dans ce genre. Comme les autres, il possède des courants, des titres phares, il a une histoire et il gagnerait à être connu au-delà du cercle des amateurs éclairés. C'est un genre peu représenté, j'en conviens, mais si la production francophone est minime, elle demeure d'une grande qualité et mérite d'être mise à l'honneur et pas noyée sous les inclassables de la fantasy. La Belgique, notamment, a une grande culture du fantastique souvent ignorée du public.
C’est le seul genre pour lequel l’auteur a pris le parti de présenter des titres en rapport avec des créatures surnaturelles. Ainsi, on a donc deux listes, l’une consacrée aux vampires et l’autre aux zombies, avec des ouvrages provenant de divers genres et dont, en fin de compte, rares sont ceux qui relèvent du fantastique.
Par ce biais, se trouvent présentés dans la partie consacrée à un genre qui n'est pas le leur les séries Anita Blake ou encore Twilight au mépris d’ouvrages de références qui sont à peine évoqués au fil des paragraphes. Pourquoi, sous prétexte que le texte est vampirique, se retrouverait-il dans ce chapitre alors que Les Neiges de l'éternel, excellent roman fantastique, est quant à lui cité en fantasy ? Le choix est d'autant plus désolant que si le vampire est bien une créature emblématique du fantastique (dans certaines limites), ce n'est pas le cas du zombie qui se rapporte le plus souvent à l’horreur ou la SF.
Au final le lecteur en apprend peu sur ce genre déjà si discret et n'a pas même la possibilité d'y pêcher quelques idées de lecture pour combler ses lacunes, alors qu’il y aurait eu tant d’auteurs et d’ouvrages à lui faire connaître. Au-delà des classiques du genre, nos auteurs contemporains manquent souvent de visibilité. Je pense notamment à Denis Labbé, Cécile Guillot, Estelle Valls de Gomis, Jean-Pierre Favard. Certains, comme Anthelme Hauchecorne ou Léa Silhol se jouent souvent des frontières entre les genres et ont produit d’excellentes nouvelles fantastiques.
De même, à mon grand déplaisir, le réalisme magique (qui est tellement plus en rapport avec le fantastique que ne l’est l’horreur) n’est pas évoqué. C'est un genre encore plus méconnu en France. Il est plus représenté chez les latino-américains pour qui il est quasiment institutionnel, cependant des auteurs tels que Robin Hobb ou Léa Silhol en ont écrit. Puis il y a bien sûr Alice Hoffman dont les romans traduits en français sont également très caractéristiques du genre et la talentueuse Carole Martinez, bien que ses romans soient assimilés à de la littérature blanche.
Le fantastique, classique ou moderne, est une littérature du soi et de l'humain, tantôt inquiétant, tantôt bienveillant. C’est la littérature de l’étrange et des possibles, de l’insatisfaction aussi parfois, pour le lecteur qui n’aime pas rester dans le vague. Néanmoins, pour celui qui apprécie d‘avoir le choix de croire ou non et d’apporter sa propre subjectivité au récit, il est d’une grande richesse. Il possède de multiples facettes et je trouve dommage d'avoir laissé de côté cette belle diversité au profit de ce qu'il a apporté à d'autres genres.
Si vous lisez ce guide, restez-en à la définition du fantastique donnée en début de chapitre et ignorez la suite. J’arrête de vous soûler avec ça (mais j’espère quand même un peu vous avoir donné envie de découvrir du vrai fantastique).
Ces considérations mises à part, Le Guide de la SF et de la fantasy est une bonne introduction aux genres de l’imaginaire. Le néophyte y trouvera de précieuses informations et le lecteur que l’imaginaire laisse dubitatif pourra, s’il se donne la peine de surmonter ses a priori, apprécier la grande diversité des genres SFFF et peut-être découvrir cette littérature qu’il a trop souvent tendance à juger à l’emporte-pièce.

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