Je suis fille de rage
4° de couverture
1861 : la guerre de Sécession commence. À la Maison Blanche, un huis clos oppose Abraham Lincoln à la Mort elle-même. Le président doit mettre un terme au conflit au plus vite, mais aussi à l’esclavage, car la Faucheuse tient le compte de chaque mort qui tombe. Militaires, affranchis, forceurs de blocus, politiciens, comédiens, poètes... Traversez cette épopée pour la liberté aux côtés de ceux qui la vivent, comme autant de portraits de cette Amérique déchirée par la guerre civile.
Notre avis
Avis de Littlewolf
Après la France médiévale et l’Angleterre des Celtes, Jean-Laurent Del Socorro s’attaque à la guerre de Sécession. Pour une fois, l’auteur ne se contente pas vraiment de raconter la petite histoire dans la grande. En effet, en plus des personnages historiques et romancés par lesquels nous est contée cette période de l’histoire, l’auteur a introduit dans son manuscrit une série de textes historiques traduits par ses soins pour appuyer son propos.
Il n’est pas facile pour moi de faire cette chronique car j’ai moins aimé ce roman que les précédents de l’auteur mais, d’un autre côté, j’ai été extrêmement impressionnée par le travail de fond sur le plan historique. C’est un roman terriblement ambitieux où le cadre historique est vraiment très bien documenté, ce qui le rend très intéressant (surtout que mes connaissances sur cette période de l’histoire approchaient zéro). J’ai cependant trouvé qu’il était un peu difficile de se plonger dans l’histoire car, surtout au début, les choses évoluent vite et les points de vue changent constamment, on passe d’un front à l’autre, d’un personnage à l’autre, de passages romancés à des documents historiques. Cette alternance rend les choses presque difficiles à suivre au début car on est submergé par la quantité d’information (ça s’améliore après la première centaine de pages) et m’a un peu empêchée de m’attacher vraiment aux personnages et de m’impliquer totalement. Malgré ce petit bémol, il y a des scènes et des personnages particulièrement bien écrits et touchants. Certains personnages sont plus marquants que d’autres et je dois dire que ma préférence va aux personnages non historiques pour lesquels le style de l’auteur fait vraiment mouche. Ceci dit, tous, généraux comme simples soldats, célébrités comme anonymes, apportent un point de vue à la fresque globale. Au niveau de l’ambiance, je trouve que l’auteur est très bien parvenu à retranscrire l’impression de la guerre, sans en édulcorer l’horreur mais sans non plus la rendre plus horrible que nécessaire. Dans ce roman, il y a de l’espoir comme du découragement, de l’ambition comme de la folie.
La touche de fantastique se présente ici sous le personnage de la mort qui accompagne le président Lincoln tout au long de cette guerre. Ce personnage n’est pas nécessaire, il n’apporte rien à l’histoire, et pourtant je l’ai trouvé particulièrement intéressant. Il nous rappelle que Lincoln n’est, après tout, qu’un simple mortel et que, face à la victoire, il ne faut pas oublier toutes les vies perdues.
Bref, Je suis fille de rage est un très bon roman historique qui vaut le détour tant pour le point de vue qu’il apporte sur la guerre de Sécession que pour ses personnages forts et le style percutant de Jean-Laurent Del Socorro.