Outcast
4° de couverture
Kyle Barnes est touché par une malédiction depuis sa plus tendre enfance. Il est persuadé d'être possédé par un démon qui s'attaque à tous ses proches. Devenu adulte, il veut absolument trouver les réponses à sa damnation, et surtout s'en débarrasser... Mais ce qu'il découvre alors pourrait bien être à l'origine de la fin de toute vie sur Terre... Kyle Barnes est-il vraiment l'instrument de l'apocalypse ?
Notre avis
Mon avis se basera sur les deux premiers tomes:
- 1 Possession
- 2 Souffrance
Ce qui est assez intéressant avec Outcast, c'est que le scénario est de Robert Kirkman. Cet homme vous le connaissez forcément puisqu'il s'agit de l'auteur des maintenant très célèbres Walking Dead. Personnellement, j'ai décroché de ce comics depuis quelques temps déjà car, malgré tout son potentiel, l'histoire ne se développe pas de manière assez intéressante à mon goût : il y a des zombies oui, et les hommes sont méchants entre eux, il y a plein de personnages principaux qui meurent, un peu comme dans Game Of Thrones... Ce schéma revient inlassablement de tome en tome, on n'en apprend pas plus sur le pourquoi du comment et rien ne semble pouvoir sauver les personnages de leur triste sort. J'étais donc extrêmement curieuse de voir ce que Robert Kirkman pouvait nous apporter avec ce nouveau comics, et au vu du résumé je m'attendais plutôt à une sorte de Walking Dead avec, encore une fois, la vision d'un monde apocalyptique saupoudré de quelques créatures fantastiques venues détruire l'espèce humaine. Mais que nenni puisqu'on parle ici d'un sujet qui a été très, très largement exploité dans le cinéma d'horreur et d'épouvante : l'exorcisme ! Très peu présent en BD, ce sujet original pour le genre est donc au cœur de la nouvelle saga de l'auteur qui a choisi Paul Azaceta pour l'illustration et dont le coup de crayon saura sans aucun doute vous faire angoisser bien comme il faut sous votre couette (mais on s'étendra un peu plus tard sur le dessin). Dans Outcast on se retrouve plongé dans un village paumé de Virginie Occidentale. Les personnes qui y vivent sont taciturnes, les décors sombres, la ville souvent déserte... ambiance parfaite pour un récit d'angoisse, ne manque plus que le personnage principal. Prenez un homme brisé en proie à un passé traumatisant (Kyle Barnes donc), venu chercher des réponses dans le village au sein duquel il a grandi, ajoutez-y une malédiction et vous aurez une vision assez fidèle des premières pages du récit. Trêve de suspense maintenant : ai-je aimé cette BD ? La réponse est un oui mitigé, et ce pour plusieurs raisons.
Commençons d'abord par le positif. Les illustrations sont vraiment bien réalisées. Paul Azaceta a vraiment su s'approprier le scénario de Robert Kirkman et donne aux personnages victimes de possession des expressions dignes des meilleurs films d'horreur (je pense à deux / trois vignettes en particulier qui ont vraiment su me faire hérisser le poil avec la vision d'un visage pourvu d'une grimace démoniaque, à moitié cachée par les ombres...). J'ai lu plusieurs critiques qui déploraient le choix de ce dessinateur (pas assez de détails dans les cadres, et une ambiance pas assez sombre) ce que je trouve dommage car pour moi il réussit ici un coup de maître. Je trouve d'ailleurs ses choix très judicieux car il prend souvent le parti d'épurer au maximum ses vignettes afin de concentrer toute l'attention du lecteur sur les expressions des personnages. Le scénario est quant à lui plutôt bien mené également. Comme dit précédemment on a affaire à une histoire originale et Robert Kirkman nous prouve ici qu'il peut réaliser des comics bien plus effrayant que sa très célèbre saga Walking Dead (ce qui était d'ailleurs son premier désir en créant ce nouveau comics, lassé qu'une grande majorité considère Walking Dead comme une grande saga d'horreur quand il pensait qu'il pouvait aller plus loin dans l'angoisse avec une série originale et différente). Dans ce comics Kyle Barnes n'est pas seul face aux forces du mal puisqu'il est épaulé par le révérend du village. Habitué à réaliser des exorcismes depuis des années, ce dernier est persuadé que Kyle possède un don étrange permettant aux possédés de se libérer des démons. Le duo fonctionne très bien, on retrouve d'un côté le scepticisme face aux événements surnaturels, et de l'autre la croyance d'une dualité entre forces du mal et forces du bien. La figure de Dieu est souvent évoquée par le révérend, bien sûr, et les répliques de ce dernier à son sujet sont vraiment intéressantes et visent de nouveau à créer une angoisse chez le lecteur : Dieu est cet éternel absent, cette force incapable d'envoyer un signe ou d'aider les hommes dans leur quête. Une réplique marque particulièrement bien l'esprit de ce comics : « Regardez le monde autour de nous, plein de malice. Quand je repense aux choses que j'ai vues, je peux pas m'empêcher de demander 'Pourquoi, Dieu, Pourquoi ?'. Eh bien, je vais vous dire un secret. Il ne répond pas. […] Peut-être qu'il est trop occupé avec sa guerre et qu'il nous a oubliés. Peut-être qu'il perd ». Les hommes sont donc seuls, mais l'être humain est-il assez puissant pour repousser une armée de démons ?
Au bout de deux tomes pourtant, l'histoire commence déjà à tourner en rond et on ressent bien la patte de Kirkman qui aime prendre son temps (un peu trop à mon goût) et signaler d'une manière assez peu délicate à son lectorat un élément qu'il juge essentiel pour la bonne compréhension de la suite de son récit (« je vais me faire un plaisir de vous répéter trois fois cette phrase toutes les dix pages pour bien vous faire comprendre qu'elle sera super-super importante pour la suite du comics »). A la fin du deuxième tome je n'en sais au final pas plus qu'au début du premier (ou alors si peu de choses, le résumé spoilant déjà pas mal). J'attends quand même les prochains pour me faire une idée sur cette saga, une chose est sûre : elle a déjà un grand potentiel et l'angoisse est au rendez-vous. Si vous voulez vous y mettre c'est le moment, le tome trois sera disponible en VF à partir du 16 novembre !