Au tournoi de la main avec Magali et Alexandre Dainche

le : vendredi 2 janvier 2015

Le 11 octobre 2014 s’est tenu le tournoi de la main à Lormont (Gironde), une des dernière étapes de sélection d’une compétition européenne du jeu de cartes Game Of Thrones. À cette occasion, Magali Villeneuve, illustratrice officielle de la saga, et Alexandre Dainche étaient présents. J’en ai profité pour aller papoter un peu avec eux !

Comme toujours, Alexandre et Magali ont été adorables et, malgré les énormes difficultés qu’ils ont dû avoir à me comprendre – j’avais ce jour-là une extinction de voix des plus atroces – ils ont répondu à toutes mes questions avec gentillesse et beaucoup d’humour.

Compte rendu de l'interview

J’ai appris des choses incroyables sur leur façon de travailler, notamment le fait qu’ils ont deux journées de travail en 24h parce qu’ils travaillent avec des Américains. Ainsi, de 9h à 17h ils travaillent pour leurs clients Français, et de 21h à 3h du matin ils travaillent pour les Américains ! Et entre les deux, ils travaillent pour eux, sur La Dernière terre… Quel rythme impossible !

Il faut dire que leurs carrières ont considérablement pris leur envol depuis qu’ils travaillent sur des licences prestigieuses comme Star Wars, Lord Of The Rings, Wizards Of The Coast (Magic The Gathering) et bien sûr Game Of Thrones. En France, grâce à leur travail outre-Atlantique, ils ont pu se faire reconnaître comme de véritables artistes et mettent désormais leur talent au service de nombreuses maisons d’éditions comme Bragelonne, Hachette et L’Homme Sans Nom.

Illustration de cartes de jeu

Carte Wizards of the Coast illustrée par Magali VilleneuveMagali et Alexandre m’ont expliqué que pour Fantasy Flight Game (FFG), pour qui ils illustrent tous les deux des cartes pour de nombreuses licences, ils peuvent faire environ 10 cartes par mois chacun. Magali pense avoir illustré environ 300 cartes en 3 ans de carrière chez eux. Elle explique que, maintenant que sa carrière s’est diversifiée, elle n’a plus le temps d’en faire autant mais qu’elle continue tout de même.

Ce nombre important me fait me demander comment, avec un volume si important et des deadlines assez courtes, il est possible de se renouveler à chaque dessin. Leur réponse est simple, ce n’est pas possible ! D’autant plus qu’on leur demande de produire de nombreux dessins du même type comme des elfes ou des hommes du Rohan… Du coup ils se ressemblent quasiment tous.

Pour pouvoir faire leur dessin, ils ont simplement le descriptif de la carte, ils savent quel type de carte c’est, l’humeur du personnage, ce qui leur permet d’imaginer celui-ci. Ce n’est pas simple mais Alexandre dit que ça leur laisse tout de même une grande liberté dans leur travail.

George Martin et le Trône de Fer

Magali Villeneuve et George RR MartinLors de la venue en France de George Martin, elle a pu le rencontrer grâce à un concours de circonstances incroyable ! La veille de sa séance de dédicace, elle a reçu un mail de J’ai Lu lui disant qu’elle devait rencontrer George Martin le lendemain à Dijon. Au départ ils n’y ont pas cru tellement c’était inattendu. Magali ne voulait même pas y aller, ne voulant pas le déranger. Heureusement, Alexandre a insisté et le lendemain ils ont pris la route pour Dijon avec Céline Landressie, abandonnant au passage la Japan Expo où ils étaient prévus au départ.

Magali a eu l’idée de lui montrer ses illustrations, pensant qu’ainsi il reconnaîtrait peut-être son travail. Elle n’a pas été déçue ! En arrivant devant lui, elle lui a présenté ses illustrations en lui disant qu’elle était une de ses illustratrices, sans lui dire son nom. George Martin regarde les dessins, la regarde et lui demande si c’est elle qui les as fait et, lorsqu’elle lui confirme que oui, il lui dit : « Vous êtes Magali Villeneuve ! ». Il lui a aussi dit que ça serait bien si l’actrice qui joue Ariane Martell dans le Trône de Fer était aussi belle que la sienne ! Au final, il lui a demandé de rester pour dîner avec lui ! Comme Magali est une grande timide, elle était tétanisée mais a dîné en tête à tête avec lui le soir, ils ont pu parler d’un projet sur lequel ils travaillent mais qui est encore secret. Et pendant ce temps, Alexandre et Céline étaient au Campanile…

La Dernière terre

Le prendre pour le garderEn fière Arpenteur (teuse ?) Je ne pouvais que leur parler de La Dernière terre, leur saga de Dark Fantasy si particulière et chère à mon cœur !

Comme quasiment toute l’équipe est fan d’eux, que ce soit de leurs écrits, de leurs illustrations ou tout simplement de leurs personnalités, nous sommes ravies de faire partie du petit « fan club » de La Dernière terre !

Depuis que j’ai lancé V&S, il y a bientôt 9 ans, ce que j’aime le plus c’est rencontrer les gens. Des belles rencontres humaines, j’en ai faites, et Alexandre et Magali en font indéniablement partie ! Ce qui est encore mieux, c’est quand la belle rencontre humaine se prolonge littérairement ! Je suis assez fière d’avoir été une des premières à parler de leur saga et toute émue lorsqu’ils me remercient pour avoir été parmi les premiers lecteurs et les premières chroniques. Je leur confie donc mon impatience de lire le troisième tome. Et ils me répondent qu’hélas, avec leur travail d’illustrateurs, les délais qu’ils s’étaient fixés se sont allongés… et surtout, le tome 3 qui est un tome charnière pour la saga a été grandement remanié. Au départ, il était prévu que tout le tome se déroule à Merehde chez les Giddires, mais au final ils se sont dit qu’ils ne pouvaient pas laisser les lecteurs loin de tous les autres personnages pendant un tome complet. Et donc, ils ont fusionné le tome 4, qui était à moitié écrit, avec le tome 3 et ont rajouté des modifications de scénario assez conséquentes.

Au final, le tome 3 est écrit à un peu plus de la moitié… il va donc falloir patienter encore quelques mois, normalement jusqu’aux Imaginales 2015…

Magali m'explique que son parti pris pour LDT, c’est de laisser le lecteur dans le même flou que le personnage, quitte à ce que ça puisse paraître long au lecteur qui n’accroche pas. Dans sa façon d’écrire, elle veut qu’on sente que quelque chose se prépare, car quelque chose se prépare bien, rassurez-vous, mais sans jamais donner d’indices évidents qui mettraient le lecteur sur la voie. Elle adore laisser la place à la spéculation et aux folles déductions… Donc si vous avez des spéculations, n’hésitez pas à leur en faire part, ils adorent ça !

Je leur ai demandé s’ils avaient déjà toute l’histoire dans leur tête et la façon dont ça allait se terminer. Magali m’a répondu que grosso modo oui, elle a sa trame globale, les faits marquants etc., mais elle n’a pas forcément tous les détails. Le personnage de Feor par exemple n’était pas prévu mais elle trouvait qu’il manquait un personnage qui soit « solaire ». Alors, elle a dit à Alex de ne pas bouger (ce qu’il a fait pendant 4 jours) et, se souvenant de ses lectures de fantasy, elle a créé le personnage de Feor. Et l’apparition de ce personnage a énormément modifié le tout au final. Donc même s’ils ont la trame principale et qu’ils savent où les personnages doivent aller, ils ne savent pas forcément comment ils vont y arriver. Alex explique qu’il y a une très grande part d’improvisation et de feeling lors de l’écriture.

Des gens normaux et abordables !

Alexandre de Magali DaincheSi vous les suivez sur Facebook, vous savez qu’ils sont tous les deux très sympathiques, drôles et abordables. En discutant avec eux face à face, on comprend que c’est avant tout une façon de garder les pieds sur Terre. Ils n’ont pas envie de se prendre au sérieux, tout en faisant les choses sérieusement, contrairement à certains auteurs qu’ils ont pu rencontrer qui pensent que l’auteur doit garder ses distances vis-à-vis du lecteur et que chacun doit garder sa place… Ce n’est pas leur conception et ils ne se voient pas sur un piédestal. Je la cite « Ce qui m’a toujours sidérée, c’est que les gens acceptent de débourser 22€ pour un livre dont ils ne savent rien ! Pour moi, c’est un acte de foi ! Moi-même je ne dépense pas ce prix-là pour m’acheter des livres, je n’achète pas de bouquins neufs et je n’achète pas de grands formats parce que je trouve ça cher. Alors, à chaque fois que je vois quelqu’un sur le stand, qui prend le bouquin et qui a l’air content de le prendre, je dis merci ! Alors oui, on dit beaucoup merci, on dit beaucoup que vous êtes géniaux, mais ce n’est pas pour brosser dans le sens du poil, c’est parce que ça nous semble tombé de nulle part… on se demande ce qu’on a fait pour mériter ça ! Du coup, on a envie de vous remercier et de rendre un petit peu, parce qu’on se sent redevable. »

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