Entrevue avec Jay Kristoff

le : mercredi 13 janvier 2016

Jay Kristoff, l'auteur de l'excellente saga La Guerre du Lotus (que je vous recommande très, très chaudement), nous a fait le plaisir de répondre à quelques questions par mail. Après des mois à échanger sporadiquement (soit c'était moi qui était à la ramasse, soit c'était lui ^^), voici enfin ses réponses. 

Vous pourrez constater qu'il est très intéressant et qu'il est fort sympathique. J'espère qu'en effet Bragelonne a des plans ambitieux pour lui et qu'il nous fera le plaisir de sa présence en France prochainement. 

Note de la rédaction :

Compte rendu de l'interview

V&S :  L’univers de La Guerre du Lotus est très inspiré par les légendes japonaises. C’est inhabituel pour un roman de fantasy. Pourquoi avoir choisi cet univers particulier ?

JK : Les histoires inhabituelles sont celles que j’aime le plus raconter. Il y a beaucoup d’histoires européo-centrées, j’ai grandi avec et je les aime. Mais pour ma première saga je voulais essayer quelque chose de différent, à la fois pour me démarquer de la masse et pour me challenger en tant qu’écrivain.

 

V&S :  Il y a un message écologique très fort dans cette histoire. Est-ce une cause pour laquelle vous êtes engagé ?

JK : Oui, c’est quelque chose qui me tient énormément à cœur. Je suis très perplexe de voir que tant de gens ne se sentent pas concernés par les problèmes que nous devons affronter en tant qu’espèce. La plupart des problèmes dont nous parlons à longueur de journée (et l’humanité doit faire face à beaucoup de problèmes en ce moment) deviendront en grande partie insignifiants si par exemple l’océan devient trop chaud pour le phytoplancton. Nous sommes à deux degrés de l’effondrement de la chaîne alimentaire océanique. Et ce n’est qu’un des problèmes auxquels nous devront faire face très vite au rythme où le climat change sur cette planète. Il y a des milliers de problèmes et chacun d’eux peut avoir des conséquences catastrophiques pour notre espèce.

Je ne veux pas paraître alarmiste. Je sais que ça y ressemble. Mais c’est juste qu'à la lumière de ces difficultés ça me déconcerte de voir les gens argumenter sur qui est le meilleur Doctor Who, vous voyez ?

 

V&S :  Le lien qui unit Buruu et Yukiko est très spécial. Je pense que chaque enfant sur Terre a rêvé de pouvoir faire ça. Est-ce un rêve d’enfant pour vous aussi ? Avez vous trouvé ce pouvoir dans vos rêves de petit garçon ?

JK : Comme vous le dites, je pense que tout le monde rêve d’un tel lien. Pour moi ce n’est pas seulement un rêve d’enfant. Avoir quelqu’un qui vous comprend totalement, qui est connecté à vous complètement, je pense que c’est une part fondamentale de la vie humaine. C’est pourquoi nous avons des animaux. C’est pourquoi nous recherchons tous un partenaire.

 

V&S :  Avez-vous fait beaucoup de recherches pour rendre votre univers cohérent ?

JK : J’ai beaucoup lu pour poser les bases. Mais comme je mettais une surcouche qui m’était propre par dessus je n’étais pas esclave de mes recherches. C’est ce qui est génial dans le fait d’écrire de la fantasy, on peut construire son propre monde et ses propres règles. Si vous avez envie de créer un dragon rose qui respire des arc-en-ciel, qui va vous en empêcher ?

 

V&S :  Je viens de terminer Kingslayer (au fait la présentation que vous avez fait sur Goodreads est hilarante) et je suis impatiente de lire le troisième tome. Quels sont vos projets maintenant que la saga est achevée ?

JK : Je suis ravi que vous me posiez la question ! Je viens juste de lancer une nouvelle série qui s’appelle The Illuminae Files, que j’ai co-écrite avec un autre auteur Australien, Amie Kaufman. Il squatte la New York Times bestseller list depuis 5 semaines maintenant, ce qui est plutôt génial. Et, oui, ça sort en France en 2016 !

Ma nouvelle saga fantasy, Nevernight, sortira également en 2016. Je la présente comme un mélange entre Harry Potter et Les Mensonges de Locke Lamora. C’est l’histoire d’une jeune fille qui s’entraîne dans une école qui forme les assassins les plus dangereux du monde. C’est la fantasy la plus cool que j’ai écrite :)

 

V&S :  Je n’ai pas encore lu le 3e tome, mais est-ce que vous pensez que vous pourriez écrire une suite ou un spin-off à La Guerre du Lotus ?

JK : Ne jamais dire jamais. Mais pour le moment je suis très occupé sur d’autres projets, donc si je dois un jour retourner à Shima, ça ne sera pas avant très longtemps.

 

V&S :  Le mélange entre fantasy et steampunk est assez incroyable ! Quels sont vos livres préférés dans ces deux genres ?

JK : Oh punaise, j’en ai des centaines ! Je pense que le meilleur livre qui fait la synthèse des deux c’est Perdido Street Station de China Mieville. C’est un formidable mélange d’urban fantasy, de technologie, de magie et de totale étrangeté. J’adore.

 

V&S :  Avez vous une routine pour écrire ?

JK : Tout à fait. Je me lève vers 10h, je fais de l’exercice, je déjeune et je m’installe pour écrire vers midi. J’écris jusqu’à 17h puis fais une pause quand mon épouse rentre à la maison. Lorsqu’elle va se coucher, en général vers 22h, je me remets à écrire jusqu’à environ 2h du matin. J’écris donc entre 8 et 9 heures par jour, les bons jours, et j’écris en moyenne 800 à 1000 mots par heure.
Les bons jours :)

 

V&S :  Vous êtes Australien, c’est très loin de la France mais pensez-vous que vous viendrez nous voir un jour ?

JK : J’adorerais ! Je suis déjà venu en France deux fois et les Français sont tout simplement extraordianires. Notre éditeur français a de gros projets pour Illuminae, alors, qui sait ? :)

 

 


 

Et si vous souhaitez lire cette interview dans sa version originale en Anglais, c'est par ici : 

V&S:  Stormdancer’s universe is very inspired by the Japanese legends. It’s very unusual for a fantasy novel. Why did you choose that kind of background?

JK: Unusual stories are the ones I enjoy telling the most. There’s a place for euro-centric settings, and I love them and grew up with them. But for my first series I wanted to try something different, both to stand out from the pack and also to stretch myself as a writer.

V&S: There is a very strong ecological message in that story. Is it a cause you are engaged in?

JK: It’s something I feel very strongly about, yes. It baffles me that more people aren’t concerned with the larger issues we’re facing as a species – much of the problems we spend our time talking about (and there are many problems facing humanity at the moment) will all become largely irrelevant if, for example, the oceans become too warm to sustain phytoplankton. We’re a couple of degrees away from the complete collapse of the oceanographic food chain. That’s just one issue that awaits us not too far along the current temperature shifts our planet is undergoing. There are thousands. All of them end with a radical, and probably catastrophic shift for us as a species.

I don’t mean to sound alarmist. I know I do. But it kinda baffles me we spend our time arguing about which Doctor Who is the best in the light of that, you know?

V&S:  The bond that unites Buruu and Yukiko is very special. I think every kid on Earth has dreamed once in its life to be able to do that. Was it your dream as a child, did you find the inspiration for that special power in your childhood dreams?

JK : Like you say, I think everyone hopes for a bond like that. It’s not just a childhood dream for me, either. Having someone who completely understands you, who you feel connected to above and beyond everyone else, I think that’s a very fundamental part of human existence. It’s why we have pets. It’s why we seek partners.

V&S:  Did you do a lot of research to make your universe coherent?

JK : I did a lot of reading to lay the foundations. But I was laying my own world and design over the top of existing structures, so I wasn’t slavishly devoted to the research I did. That’s the great thing about writing fantasy – you’re building your own world with your own rules. If you want to throw pink, rainbow-breathing dragons into your setting, who is going to stop you?

V&S:  I’ve just finished Kinslayer (by the way the presentation you made on Goodreads was hilarious) and I can’t’ wait for the third book to hit the libraries in France. What are you plans now that the series is finished?

JK : Glad you asked! I just launched my new SciFi series called THE ILLUMINAE FILES, which I co-wrote with another Australian author, Amie Kaufman. It’s been sitting on the New York Times bestseller list for 5 weeks now, which is pretty amazing! And, yes, it’s coming out in France next year! :D

My new solo fantasy series, NEVERNIGHT, also begins in 2016. I describe it as Harry potter meets the Lies of Locke Lamora. It’s about a young girl training in a school of the world’s deadliest assassins. It’s the coolest fantasy I’ve ever written :)

V&S:  I haven’t read the third book but, do you think you could write a sequel or a spin-off of that series?

Never say never. But I’m very busy on other project at the moment, so if I do return to Shima, it’ll be a while down the road.

V&S:  The mix between fantasy and steampunk is pretty amazing. What are you favorite books in those two genres?

JK : Oh wow, I’ve got hundreds. I think the best book I’ve read that encapsulates the two is PERDIDO STREET STATION by China Mieville. It’s an amazing blend of urban fantasy, techno-wizardry and just plain weirdness. I love it.

V&S:  Do you have a routine to write?

JK : Indeed. I get up around 10, hit the gym, eat breakfast and am sitting down to write by noon. I write til 5, then take a break when my wife gets home. When she goes to bed (usually around 10) I start writing again, usually til about 2am. So I’ll spend around 8-9 hours a day on a good day, averaging about 800-1000 words an hour.

On a good day :)

V&S:  You’re Australian, it’s very far from France but do you think you’ll come someday to meet your French fans?

JK : I would love to! I’ve been to France a couple of times and French people are simply amazing. Our French publisher has big plans for ILLUMINAE, so who knows! :)

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