Arkham Asylum

Editeur : Urban Comics
Date de parution : vendredi 10 octobre 2014
Public : 15 ans et plus
Genre : Comics
Note de la rédaction :

4° de couverture

Quand une émeute éclate dans l'asile d'Arkham, Batman sait que le Joker tire les ficelles. Sur place, il est loin d'imaginer ce qu'il lui réserve.

Notre avis

Avis de Lux ~

Qualifié de "Roman graphique" de par la qualité époustouflante de ses vignettes, Arkham Asylum a été réalisé en 1989 par Grant Morisson et Dave McKean. 


L'hôpital psychiatrique Arkham est très souvent évoqué dans les Batman comics, et pour cause : bon nombre des vilains les plus populaires y séjournent ou y ont séjourné : le Joker bien sûr, Harvey Dent (dit "Double face"), et c'est également là que le Dr Harleen Quinzel deviendra Harley Quinn. S'il est souvent dit dans les BD que ce lieu est étrange et terrifiant, jamais encore le lecteur n'avait eu l'occasion de pénétrer de manière si immersive au sein de cet hôpital ni d'apprendre ses origines en remontant jusqu'à ses premiers propriétaires. 

L'histoire commence de la manière suivante : Le Joker a pris possession du lieu et incite les malades à retenir prisonniers les médecins. Il a, de plus, élaboré tout un plan visant à attirer Batman dans l'hôpital de manière à lui faire perdre la raison. Poussé par son sens du devoir et de la justice, Batman tombe bien sûr dans le piège et se rend au sein de l'asile. Quel tableau nous dresse l'auteur de cette BD ? Un monde complètement désorienté, en perdition, les vignettes sont détachées les unes des autres, les paroles des individus se baladent un peu partout à droite et à gauche des pages, de manière à signifier une fois de plus le désordre et la folie. L'ambiance est extrêmement sombre et oppressante. L'histoire principale s'entremêle avec plusieurs flashbacks visant à raconter l'histoire du lieu. On apprend ainsi au fil des pages comment le Dr Amadeus Arkham, concepteur de l'hôpital, a progressivement sombré dans la folie suite à l’événement tragique auquel il a dû faire face, et comment ce lieu semble hanté par une force sombre et puissante. 

Le Joker tire les ficelles de ce monde qu'il ne connaît que trop bien et oblige Batman à s'immerger de plus en plus au sein de cet univers. Mais c'est un duel bien singulier qui attend le super-héros, qui devra s'affronter lui-même. N'est-ce finalement pas lui le plus fou ? N'a-t-il pas sa place au sein de cet asile ? Le voilà maintenant confronté à ses peurs les plus enfouies, en proie à un Joker de plus en plus menaçant, de plus en plus dangereux. 

Cette BD est franchement intéressante et c'est une lecture que je recommande vivement pour les raisons suivantes : tout d'abord on y découvre un Batman qui change réellement. Le personnage de Batman est d'ailleurs très intéressant à lui seul car il se place un peu à l'écart des autres super-héros. Sa quête est un peu différente et, bien qu'il se targue d’œuvrer pour la justice, ce côté sombre et angoissant revient inlassablement de manière à prouver que quelque chose cloche chez lui. Arkham Asylum joue bien avec cette ambivalence, cette double personnalité qu'il ne parvient pas à contrôler. On y découvre un peu plus ses peurs et sa violence, on sombre avec lui au sein de ces couloirs étroits et menaçants. Le Joker est quant à lui fidèle au poste, mais la manière dont il est dessiné est stupéfiante. Nous voilà confrontés à un monstre coloré semblable à ces vieux clowns qui nous effrayaient durant notre enfance. Le style de dessin vaut le coup d’œil, et c'est une ambiance qui change de tout ce que j'ai pu voir jusqu'à présent. Pour ce qui est d'Amadeus et de l'histoire de l'hôpital, eh bien je dois reconnaître avoir eu quelques frissons face aux événements qu'il affronte et la manière, époustouflante encore une fois, dont ils ont été mis en valeur. 

Si vous voulez vous plonger dans une oeuvre sombre et désordonnée, avec des vilains et un super-héros bipolaire, c'est la lecture parfaite. C'est également un bon moyen de commencer avec l'univers de Batman puisque cette BD donne une idée des différents personnages (même si les puristes crieront que ce Batman n'est pas bien représentatif du personnage de l'ensemble des comics), et d'avoir une vision de l'hôpital psychiatrique le plus célèbre des comics. Étrange et angoissant...

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