Carmilla

Editeur : Soleil
Date de parution : mercredi 8 octobre 2014
Public : Adultes
Genre : Gothique
Note de la rédaction :

4° de couverture

Une œuvre majeure de la littérature fantastique du XIXe siècle, romantique et macabre, magnifiquement illustrée par la talentueuse et surprenante Isabella Mazzanti.

Dans un décor étrange et familier, Laura, fille unique d’un gentilhomme anglais installé en Styrie, accueille sans méfiance Carmilla, une jeune inconnue... Mais très vite, dans la campagne environnante, dans le château et sur le corps même des deux jeunes filles, des indices vampiriques apparaissent et prolifèrent...

Cette oeuvre est l’un des romans gothiques et vampiriques les plus célèbres du genre, tant les atmosphères y sont puissantes et mystérieuses. L’effroi qui vous saisira à la lecture n’est pas celui de l’inconnu, tel qu’ont pu l’éprouver les contemporains de Sheridan Le Fanu, pour lesquels les vampires étaient une nouveauté presque exotique. Laura, candide à souhait, incarne la parfaite héroïne gothique. Carmilla, quant à elle, personnage énigmatique et dangereux, incarne la sensualité et présente l’homosexualité féminine sous un jour nouveau, sombre, venimeux et exalté.

Fait non négligeable, Bram Stoker, compatriote de Joseph Sheridan Le Fanu, reconnaîtra plus tard la dette qu’il a envers celui-ci lors de la parution, en 1897, du roman qui allait immortaliser son nom, Dracula.

BANDE ANNONCE – « CARMILLA » – LE FANU - MAZZANTI from Isabella Mazzanti on Vimeo.

Notre avis

Carmilla illustrée par Isabelle MazzantiÀ l’occasion du 200e anniversaire de Le Fanu, Soleil sort une très belle édition de Carmilla, sans aucun doute le texte le plus connu de son auteur. Cette novella est un classique quand on parle de fantastique, mais également d’histoires de vampires. 

Laura, la narratrice, nous conte un événement survenu dans sa jeunesse et qui l’a marquée à vie. Cependant, ses souvenirs ne sont peut-être pas si fiables que ça et elle l’admet elle-même. Le traumatisme, le fait qu’elle soit de nature impressionnable et la grande solitude dans laquelle elle se trouvait dans sa jeunesse ont pu permettre à son entourage de l’influencer. C’est là tout le génie de l’intrigue, ce qui jette le trouble sur les interprétations que l’on peut en faire et qui crée une atmosphère typiquement gothique, tout en restant dans l’entre-deux du fantastique. 

Le personnage de Carmilla, littéralement fascinant, est au cœur du récit. Son arrivée en catastrophe dans le quotidien morne de Laura, l’influence qu’elle a sur elle et surtout le mystère de ses origines tissent une trame passionnante. Mais à côté de cela, il y a les superstitions locales et Laura qui semble être atteinte d’un mal mystérieux…

Carmilla illustrée par Isabelle MazzantiIsabella Mazzanti illustre parfaitement l’histoire de Carmilla, tout en délicatesse. Toutes les illustrations du livre sont composées de nuances de gris et de noir, et le rouge, représentant le sang est omniprésent. Le dessin est très fin et l’ambiance qui se dégage de l’ouvrage est parfaitement restituée par le style d’Isabella Mazzanti. Il y a beaucoup de symbolisme dans les illustrations, on retrouve de nombreux éléments comme les corbeaux, les araignées, des fleurs, de sombres forêts... Carmilla elle-même est souvent représentée sous la forme d’un oiseau ou d’une araignée. Certains dessins font penser à des tableaux célèbres comme celui de la page 82 qui m'évoque irrésistiblement Le Cauchemar de Johann Heinrich Füssli. Une autre représente Carmilla telle Diane avec son arc.

Carmilla illustrée par Isabelle MazzantiChaque début de chapitre est joliment encadré de rouge et une citation d’un célèbre écrivain est inscrite sous le titre du chapitre. On trouve des citations de Bram Stoker, de Guy de Maupassant, d’Edgar Allan Poe, de Leo Tolstoy, d’Arthur Rimbaud, d’Oscar Wilde ou encore de William Shakespeare. 

On peut consulter à la fin de l’ouvrage une biographie de Sheridan Le Fanu et d’Isabella Mazzanti. On trouve également une lecture de Carmilla par Gaïd Girard, qui avait traduit la novella en 1960 et qui a écrit un ouvrage sur Le Fanu : Joseph Sheridan Le Fanu, une écriture fantastique, en 2006 et participé à Territoires de l'étrange dans la littérature irlandaise au XXe siècle (COLLECTIF) en 2009. Cette lecture apporte des pistes supplémentaires pour les choses qu’on n’aurait pas saisies à la lecture et des éclairages sur l’époque à laquelle le texte a été écrit. 

Cet ouvrage est magnifiquement réalisé, le papier est épais et de très bonne qualité, la reliure est élégante et on trouve un marque page en ruban. 

Carmilla est un des meilleurs récits vampiriques qui soient, sombre, troublant, sujet à réflexion également. Cette très belle édition est une excellente occasion de le découvrir ou de le relire.

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