Le Mal en la demeure
4° de couverture
Sur les terres reculées du domaine de Kreuzburg, une ombre étend son influence maléfique jusqu'entre les murs du manoir Kraemer. Afin de préserver les siens d'une menace plus funeste encore que la mort, le maître des lieux n'a d'autre recours que demander l'assistance d'experts en vampirisme. En ce crépuscule du XIXe siècle, la famille de Lacarme, un clan issu d'une longue lignée d'érudits en occultisme et surnaturelle, fait figure de référence dans la chasse aux nosferatus.
Lorsque Gerald de Lacarme arrive en Allemagne, il est cependant loin de se douter de la sombre aventure qui l'attend. Car le mal qu'il est censé combattre rôde déjà dans les couloirs de la demeure, insidieux, impie… Surtout, il y a la belle Marion Kraemer, si mystérieuse, qui lui chavire le cœur à en perdre la raison. Partagé entre ses tendres sentiments et l'importance cruciale de sa mission, le jeune homme va s'immerger dans le plus terrifiant des cauchemars…
Notre avis
Avis de Chani:
Le mal en la demeure est une novella très courte, seulement 137 pages, mais n’en reste pas moins un très bon livre. J’ai été agréablement surprise par la qualité de l’œuvre de Stéphane Soutoul, c’est bien écrit, le rythme est bon, l’atmosphère est pesante, l’histoire est certes quelque peu prévisible mais cela ne gâche pas le charme gothico-romantique de la novella.
La couverture est signée Cécile Guillot, jeune illustratrice de talent dont nous avions parlé dans le V&S Mag. La couverture est très belle, sombre à souhait. La lune est du plus bel effet. D’une manière générale le livre est bien fait, le papier est de bonne qualité et la police agréable à lire. Je tire donc mon chapeau aux éditions du petit caveau qui ont fait un très beau travail.
L’histoire
Gérald de Lacarme est envoyé par son père, Edmond de Lacarme, grand spécialiste de l’occulte, en Allemagne chez son vieil ami Hans Kraemer qui a sollicité son aide. En effet une lourde menace pèse sur le domaine de Kreuzburg et Kraemer craint pour le salut de sa famille.
Une fois sur place, Gérald va faire la connaissance de Marion Kraemer qui va envouter ses sens au point d’aveugler sa raison. Il va vite découvrir que le mal est déjà en la demeure.
Les personnages
Le personnage principal est donc Gérald de Lacarme, jeune érudit de 30 ans qui est contraint de quitter le calme studieux de sa bibliothèque pour voler au secours d’un vieil ami de son père. Il va devoir mettre son savoir en pratique, ce qui va se révéler difficile. Ce personnage est bien développé et on ressent bien le duel permanent entre sa raison et son cœur tout au long de l’histoire.
Marion Kraemer est une beauté diaphane au charme insolent qui envoute Gérald dès leur première rencontre. Elle est également bien développée, sa psychologie est bien traité et tout du long il est difficile de dire si elle est bonne ou mauvaise tant elle est ambigüe.
Les autres personnages sont secondaires mais pas inutiles pour autant. Il est appréciable de ne pas avoir affaire à une débauche de personnage car on fini en général par s’y perdre. Ici on ne rencontre que six personnages, dont deux qui sont importants. On notera tout de même le personnage du majordome, Ulrich, qui est délicieusement vicieux et sadique, légèrement psychopathe sur les bords.
Les décors
La totalité de l’histoire se déroule à l’intérieur du domaine de Kreuzburg, principalement à l’intérieur du manoir. Les lieux sont bien décrits ce qui permet de se faire une image assez détaillée des meubles, des tentures, des tableaux, de l’atmosphère de luxe très XIXe siècle de la demeure.
Le manque de lumière et l’éclairage à la bougie donnent une sensation de danger permanent, si juste dans le contexte du livre.
Le style de l’auteur
Stéphane Soutoul écrit avec un style qui tend à ressembler aux classiques de la littérature vampirique du XIXe siècle. Son style est soigné bien que certaines phrases m’aient parues un peu alambiquées. Mais c’est assez rare dans le texte et je n’ai pas relevé de fautes d’orthographes ou de coquilles, en tout cas aucune ne m’a frappée.
De simples souvenirs …
Dans les vingt dernières pages, après que l’histoire principale soit terminée, on découvre un nouveau personnage, Léonore de Lacarme, la sœur de Gérald. Elle y expose ses souvenirs d’enfance. J’ai beaucoup aimé cette partie de l’histoire qui est très bien contée. Je n’en dirai pas plus sur le contenu de ce passage car ce serai spoiler le reste du livre.
En conclusion, je vous invite à lire ce livre si vous aimez les histoires de vampires du genre classique, où les vampires représentent le mal à l’état pur. J’attends personnellement la suite que je lirai avec intérêt. Le prochain tome devrait tourner autour du personnage de Léonore et c’est pour cette raison que j’ai hâte de le lire car j’ai presque plus aimé la fin du livre que l’histoire principale.
Avis de Zaza:
Le mal en la demeure… ou la poésie vampirique…
Dès les premières pages, Stéphane Soutoul nous fait voyager dans le temps et dans l’espace, pour nous emmener dans l’Allemagne du 19e siècle. L’immersion au cœur de cette époque se fait de façon tout à fait naturelle au fil des pages. L’histoire réunit tous les ingrédients nécessaires pour captiver le lecteur du début à la fin. Elle est bien ficelée, intéressante, passionnante et intrigante. Difficile de fermer ce livre… Ce récit vampirique est abordé de manière tout à fait originale. Les sentiments des personnages sont justement dosés, ainsi que leur caractère. Il y a finalement très peu d’individus dans ce livre, mais c’est plutôt un avantage puisque cela nous donne l’impression de tous les connaître et surtout, l’impression d’être parmi eux. J’ai également beaucoup aimé le mélange entre les domestiques et les maîtres de maison, ou plutôt la maîtresse de maison. Ce mélange des classes rend le récit encore plus crédible face à la période abordée.
Le véritable point fort de ce livre réside pour moi dans le style de l’auteur. Stéphane Soutoul a véritablement une plume remarquable. Son style est fluide, juste et empli de poésie. C’est vraiment ce qui m’a fait craquer pour ce livre. Dès les premières pages, j’ai été séduite par les tournures de phrases, les descriptions, les dialogues… l’écriture quoi !!! La langue française est parfaitement maniée et maîtrisée. Quel plaisir à lire ! Dans quelques années, je suis certaine que ce livre fera partie des classiques de la littérature vampirique. C’est pour toutes ces raisons que je regrette le format du livre, c'est-à-dire le peu de pages. Certes, il s'agit d'une novella, mais j’aurais vraiment apprécié pouvoir continuer sur une centaine de pages supplémentaires.
La concision du récit m’a également fait regretter de ne pas avoir pu en apprendre davantage sur les personnages. Je trouve que le livre aurait eu plus de force, plus d’impact si nous avions disposé de davantage d’informations. J'aurais aimé un vrai roman. Il s’agit donc en fait plus d’un souhait ou d'un regret que d’une critique. Bien évidemment, si j’avais détesté ce livre, j’aurais adoré sa brièveté…
Le seul véritable bémol que je noterais à propos de ce livre, c’est la rapidité de l’entrée en matière. J’avoue ne toujours pas comprendre pourquoi Marion a accepté d’héberger Gérald de Lacarme. Sachant qui il était ainsi que les raisons de sa présence, je ne comprends pas pourquoi cette vampire ne l’a pas renvoyé immédiatement chez lui (hormis le fait de pouvoir poursuivre le récit bien sûr...).
Je tiens également à préciser que j'ai adoré la couverture. J'aurais placé la goutte de sang au niveau de l'œil, pour rappeler les larmes de Marion, mais Cécile Guillot a fait un travail remarquable. Cette couverture n'a d'ailleurs rien à envier à celles des bestsellers dans le même domaine, bien au contraire. Les éditions du Petit Caveau ont choisi avec soin tant leur auteur que leur illustratrice.
En conclusion, j’ai vraiment adoré ce livre. J’ai totalement craqué pour le style poétique de Stéphane Soutoul et j’ai hâte de le retrouver dans ces prochains romans. Ce jeune auteur français est une valeur sûre, un auteur incontournable.