Tideland

Réalisateur : Terry Gilliam
Date de sortie : mercredi 28 juin 2006
Note de la rédaction :

Synopsis

Lorsque sa mère meurt d'une overdose, la petite Jeliza-Rose part s'installer dans une vieille ferme avec son père, Noah, un homme qui se pique à l'heroïne. Afin d'échapper à la solitude de sa nouvelle maison, la petite fille s'évade dans un monde imaginaire.

Notre avis

Avis de Lux ~

Tideland fait parti, selon moi, de ces chefs-d’œuvre encore trop méconnus. D'un côté il est vrai que tout le monde ne peut pas adhérer à l'ambiance assez lourde de ce film : imaginez-vous un Alice au Pays des Merveilles version hard, plus junkie et psycho : et voilà, vous y êtes. Ce film ne nous épargne pas les détails sordides de l'histoire de Jeliza-Rose, sa drôle de petite héroïne. Celle-ci est confrontée depuis son plus jeune âge à l'addiction de ses parents pour la drogue, en vient même à les aider à préparer leur dose et réaliser d'autres tâches qu'une enfant de son âge n'est pas censée entreprendre. Petite précision avant de rentrer dans les détails : il s'agit d'une adaptation du roman du même nom écrit par Mitch Cullin et paru en 2000.

Après la mort de sa mère, le père et la fille partent s'installer dans une petite maison perdue au milieu de nulle part. C'est là que les festivités commencent. Jeliza se retrouve rapidement livrée à elle-même et doit s'occuper comme elle peut de sa petite personne. Entre rêve et réalité, divagations et fantasmes, le monde qu'elle perçoit est doté de créatures fantastiques et d’innombrables dangers qu'elle a bien du mal à gérer toute seule. C'est dans ce monde désaxé et étrange qu'elle rencontre ses voisins, qui ne sont pas plus sains d'esprit que ses propres parents, voire même pires. Ses jeux deviennent de plus en plus dangereux et elle s'éloigne tellement du monde réel qu'elle ne parvient absolument plus à distinguer ce qui l'est de ce qui ne l'est pas. 

Ce film dégage une poésie sombre et étrange, parfois dérangeante qui pousse à la réflexion sur le monde dans lequel on vit et sur les échappatoires qu'il nous offre (ou non). L'imagination est au centre de cette oeuvre : il s'agit d'une force qui permet d'explorer des terrains inconnus, rencontrer des personnages mystérieux et intéressants, mais surtout fuir cette réalité qui ne nous convient pas. L'imagination a toutefois ses limites et c'est ce que Tideland tente de nous montrer. Les fantasmes eux-mêmes ne sont pas forcément tout roses, et il convient de faire attention à ce que l'on souhaite et rester sur ses gardes en permanence. 

Pour sa sombre poésie, ce film est clairement génialmais il n'atteint le rang de chef d'oeuvre qu'avec l'incroyable prestance de ces acteurs principaux. Jodelle Ferland, d'abord, dans le rôle de Jeliza-Rose, est tout simplement parfaite. Elle m'a réellement embarquée dans son univers imaginaire chaotique sans prendre de pincettes et sans détours, en jouant cette petite fille de manière brillante. Je n'avais jamais été aussi époustouflée devant une prestation que face à la sienne. À travers ses mimiques et ses silences pesants, Jodelle est de loin l’élément clé de ce film. N'oublions pas également Brendan Fletcher et Janet McTeer dans les rôles des voisins détraqués et bizarres. Tous deux géniaux.

Franchement, Alice n'a qu'à bien se tenir.

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