Salons littéraires : gratuité contre entrée payante.
Rédigé par : Exécutrice

Tous les ans, les lecteurs et les blogueurs râlent sur le prix de l’entrée au Salon du Livre de Paris, récemment rebaptisé en Livre Paris. Tous les ans. Sans exception. Cette année je pense que, plus encore que les autres années, on va avoir des raisons de râler, car en février il s’est passé un truc incroyable : la Foire du Livre de Bruxelles a décidé de changer son mode de fonctionnement et de rendre l’entrée gratuite. Et ça, mesdames et messieurs, c’est quand même la classe !

Parce que nous estimons que l’art et la culture doivent rester accessibles à tous, sans distinction ; Parce que nous sommes persuadés que donner accès aux savoirs contribuera au bonheur collectif ; Parce que nous sommes convaincus que la recherche du bonheur ne devrait pas avoir de prix ; C’est parce que nous croyons en tout cela que le Conseil d’administration et l’équipe de la Foire du Livre de Bruxelles ont décidé que l’accès au salon sera désormais gratuit.

Cette petite citation est extraite de leur communiqué de presse de janvier annonçant cette grande évolution.

Et puis, j’ai vu passer un article dans Actualitté qui a répondu à mes interrogations. Grâce à la gratuité, le salon a pu redresser la barre de la fréquentation qui était en baisse depuis 2011. Il semble même qu’ils ont été victimes de leur succès et qu’il y a eu des cafouillages à l’entrée à cause d’une forte affluence le samedi. Toujours d’après Actualitté, l’augmentation de la fréquentation et la gratuité de l’entrée auraient permis aux éditeurs sur place d’enregistrer plus de ventes ! Bref, c’est du gagnant-gagnant. Le visiteur n’est pas freiné par le prix de l’entrée ; il faut dire que payer 10€ pour entrer dans une librairie bondée de monde, ce n’est pas très attirant comme idée. Du coup il a un plus gros budget pour acheter des livres ! Les éditeurs s’y retrouvent donc et râlent moins d’avoir payé très cher leur stand (pour cela aussi ils râlent tous les ans lors du feu SDL).

 

 

 

Alors, même si en 2015 la fréquentation du SDL (de Paris) a baissé, les chiffres de la fréquentation sont relativement bons comparé à ses homologues européens. Ce n’est pas le problème à mon sens. Clairement, le SDL de Paris s’en sort très, très bien (d’après les organisateurs), mais est-ce que ça en fait un bon salon ? Est-ce qu’il n’y a pas des choses qui pourraient être améliorées ?

 

La dernière fois que je suis allée au SDL de Paris, c’était en 2014 et, pour tout vous dire, le programme ne m’avait vraiment pas enthousiasmée ! Le prix de l’entrée n’était pas un problème pour moi, car j’ai obtenu une accréditation presse les 4 années où j’y suis allée et heureusement car le train depuis Bordeaux et le logement sur Paris étaient déjà bien assez. Mais pour mes chroniqueuses sans accréditation, venir plusieurs fois pendant le salon pour voir tel ou tel auteur, assister à telle ou telle conférence, c’est compliqué. S’il faut venir 3 fois, ça fait 30€ dépensés rien que pour entrer. Je suis persuadée que si l’entrée était gratuite, ils enregistreraient une hausse des visites et mathématiquement une hausse des ventes sur les stands.

Non, pour moi il y a plusieurs problèmes, en dehors de ce prix d’entrée surdimensionné.

1 : le site internet. Sérieusement, ce site est une vraie plaie ! J’ai travaillé en agence web, mon mari travaille dans le web, je gère un site internet, je sais de quoi je parle. Chaque année, en allant chercher les infos pour les dédicaces, je me dis que c’est impossible de faire pire l’année prochaine, et tous les ans, ils me prouvent que si, c’est possible de faire pire ! L’agence qui s’occupe de ce site mériterait bien un Razzie Award du pire site internet ! Trouver les séances de dédicaces qui vous intéressent relève vraiment de la gageure, c’est long, c’est mal fichu, c’est mal classé, c’est incohérent et on y passe un temps fou.

2 : la programmation. Alors, le lecteur de littérature blanche est certainement content chaque année. Mais le lecteur de SFFF ne l’est pas, lui. Parce que, soyons honnêtes, les éditeurs et auteurs de SFFF sont sous-représentés au SDL. En 2010, Bragelonne/Milady faisait un carton avec un stand énorme et la venue de Laurell K. Hamilton… 2010 c’était une bonne année. Et puis finalement, Bragelonne & cie ne sont pas très contents, parce qu’ils payent leur stand une fortune, alors ils font un contre salon, chez eux, en invitant de supers auteurs : Patricia Briggs et Kelley Armstrong. Ils montrent que ça leur coûte moins cher de faire venir deux grandes auteurs américaines pendant une semaine, de les faire dédicacer en Belgique, en Suisse et en France, d’organiser une grande sauterie chez eux avec traiteur et tout le tralala, plutôt que de prendre un stand au SDL. Ils ont réussi leur coup d’éclat, cette année-là, ils n’étaient pas au SDL et ils ont eu un succès fou ! En 2012, du coup le SDL a bien voulu négocier et ils ont fait un stand super sympa avec une expo sur la bit-lit (on ne va pas redire ce qu’on pense du terme mais le cœur y est, vous trouverez tout sur le site si vous ne savez pas déjà ce qu’on en pense), conférence, des acteurs costumés en vampires et tout. C’était vraiment top.

Expo Bit-Lit SDL 2012 Expo Bit-Lit SDL 2012

Et puis est venue la romance et aujourd’hui Milady n’est présent au SDL qu’avec le stand de Milady Romance. Ce n’est probablement pas la faute du SDL mais c’est fort dommage. En dehors de Bragelonne & Co il reste quoi ? J’ai Lu… Ils n’offrent plus rien en SFFF. Heureusement il y a les Éditions du Chat Noir et quelques maisons indépendantes, qui doivent se saigner à blanc pour pouvoir s’offrir un stand… Pourtant, les littératures de l’imaginaires se portent bien, je ne comprends pas qu’elles ne soient pas plus présentes. Je n’y suis pas allée l’an dernier pour des raisons de planning, je n’irai pas cette année car rien ne m’intéresse et que je ne pourrais même pas y voir les copines, donc aucun intérêt.

Bref, ce n’était pas tellement le sujet de départ… J’ai digressé, pardonnez-moi. De quoi on parlait déjà ? Ah oui, du prix de l’entrée !

Donc le SDL est cher et la programmation n’est pas forcément à la hauteur. Hélas ils ne sont pas les seuls à être payants et chers :

  • Étonnants voyageurs : 13€ l’entrée plein tarif.
  • Japan Expo Paris : 12€ le jeudi, 22€ le samedi ! 56€ le pass 4 jours.
  • Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême : 17€ la journée, 37€ le pass 4 jours.

Certains salons sont payants, mais à des tarifs beaucoup plus raisonnables !

  • Salon du Livre et de la Presse Jeunesse de Montreuil : 4€.
  • Salon Fantastique : 5€ sur place ou 12€ pour les 3 jours en prévente. Et si on est costumé, c’est gratuit !

C’est la preuve que tout n’est pas obligé d’être hyper cher pour proposer une programmation intéressante.

Mais il existe beaucoup de salons et festivals littéraires, de tailles diverses et variées, dont l’entrée est gratuite !

Je pense surtout aux Imaginales d’Épinal, auxquelles j’ai assisté 2 fois en 2012 et 2013, et qui fait partie de mes meilleures expériences littéraires. Ce festival est gratuit, ouvert à tous, il est en plein air, les auteurs sont accessibles et agréables, on n’a pas cette sensation d’être à l’usine comme c’est le cas au SDL. C’est un festival fait pour nous, lecteurs de SFFF, car il est spécialisé dans l’imaginaire ! Qu’on lise de la fantasy, de la SF, de la fantasy urbaine, de l’horreur, on est servis. La programmation est toujours de qualité, avec des tables rondes intéressantes, des expos, des dédicaces, des spectacles vivants etc., et si le temps le permet, le cadre est très agréable avec un beau parc en bord de Moselle. C’est entièrement gratuit, c’est donc qu’il est possible d’organiser un événement culturel d’envergure sans faire payer les visiteurs. Croyez-moi, j’ai dépensé beaucoup plus d’argent en livres aux Imaginales qu’au SDL à chaque fois, parce que l’événement est beaucoup plus humain peut-être. Les petits déjeuners organisés avec les auteurs sont tout simplement une idée géniale. J’ai eu la chance de participer à ceux de Gail Carriger, Jaye Wells, MaryJanice Davidson et j’ai organisé celui de Marika Gallman, ces 4 petits déjeuners restent parmi mes meilleurs souvenirs du festival.

Il y en a quantité d’autres qui sont gratuits, peut-être sont-ils plus modestes que le SDL, mais ils ont le mérite d’attirer toujours plus de monde chaque année :

  • Les Halliénales : 20% d’augmentation de leurs visites en 2015 par rapport à 2014, soit 2700 visiteurs. 30% d’augmentation en 2014 par rapport à 2013.
  • Lire en Poche à Gradignan : 23 000 visites en 2015.
  • Le Livre sur la place de Nancy : 180 000 visiteurs en 2015, soit autant que le SDL !
  • St Maur en poche (pas trouvé de chiffres).

 

En conclusion, je voudrais insister sur la programmation. Chers organisateurs de salons, si vous devez absolument faire payer l’entrée, peut-être pourriez-vous y aller moins fort sur le tarif et surtout proposer un vrai programme, intéressant pour tout le monde, pas juste pour le fan de Julie Andrieux qui viendra voir des démonstrations de cuisine ou pour le fan de Marc Lévy qui viendra faire dédicacer sa 50e histoire à l’eau de rose…

Ah et puis, vous êtes gentils à vouloir le beurre et l’argent du beurre, mais soit vous faites payer et vous autorisez les gens à venir avec leurs livres déjà lus, soit vous faites l’entrée gratuite et vous obligez les gens à acheter sur place. D’ailleurs, franchement, vous pourriez laisser les gens amener leurs propres livres, c’est un peu la double peine pour les vrais fans qui veulent lire leur livre à sa sortie ET le faire dédicacer par leur auteur au SDL ! Ils se retrouvent obligés de racheter le livre en question, ce n’est pas très sympa !

Et vous, amis lecteurs, vous en pensez quoi du prix du SDL et des autres salons et festivals ? Qu’est-ce qui vous pousse à aller dans tel ou tel événement littéraire ? Quel est votre meilleur souvenir de salon ?

 

 
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