Ainsi commence la nuit
4° de couverture
On les appelle parfois les « habitants de la Nuit ». Ils errent dans ces heures incertaines où l’humain n’est plus très sûr de ce qu’il voit. À la lisière de notre monde et de nos perceptions, leurs pas claquent sur le bitume en écho aux légendes urbaines et aux puissances oubliées.
À travers onze nouvelles, Vanessa Terral nous emmène sur la piste nocturne de ces créatures funestes et fascinantes. Puissiez-vous approcher vampires, fantômes et gardien des morts sans que votre âme ne soit assombrie par leurs tourments…
* Chaque nouvelle est accompagnée d’une ou plusieurs illustrations en noir et blanc. *
Notre avis
L'avis de Nairo : 4/5
Ce recueil comporte 2 parties distinctes. D'une part, il offre l'opportunité de relire des nouvelles publiées dans des fanzines qui ne sont plus édités et quelques textes inédits. L'autre partie concerne un personnage bien précis que j'ai eu beaucoup de plaisir à suivre. Un poème magnifique clôt le recueil.
Je ne peux pas dire que j'ai aimé toutes les nouvelles, mais une grande majorité. Toutes cependant m'ont secouée d'une manière ou d'une autre. Dans "La fontaine des innocents", je ne me suis pas sentie d'empathie pour le personnage lors de ma première lecture. C'est à la seconde lecture que j'ai été touchée par la prise de conscience du personnage.
Dans l'epub, la transition entre les deux parties se fait avec le glossaire (qui permet par contre de se renseigner sur les capacités de Manu). Personnellement, je l'aurais plutôt mis à la fin. La nouvelle "Et si un chat" suffisait à la transition. L'arbre généalogique nous donne une bonne idée de la hiérarchie des personnages qui interviennent dans les différentes nouvelles. Celles-ci nous permettent de découvrir Manu, le personnage clef, et de mieux comprendre les décisions qu'elle prend au fur et à mesure. Son histoire façonne sa manière de penser et de réagir, ce qui la rend plus réelle, plus accessible. En effet, ce sont également nos expériences qui nous forgent et nous poussent à faire tel ou tel choix.
J'ai également aimé avoir le point de vue de Lafayette sur Manu. Tandis que la haine aveugle parfois cette dernière, lui a un point de vue beaucoup plus pragmatique.
J'aime l'écriture de Vanessa car elle est empreinte de réalisme tout en traitant de sujets oniriques. Et puis, j'ai à chaque fois l'impression de me balader dans les lieux qu'elle décrit.
Le poème final est tout simplement magnifique, peut-être est-ce mon texte préféré dans ce recueil. De plus, il laisse une ouverture sur de nouvelles aventures possibles.
J'ai donc lu ce recueil 2 fois. La première était une lecture commune avec Siana, la 2e m'a permise de mieux comprendre certaines histoires, notamment grâce à un nouvel éclairage apporté par Siana. Lors de ma première lecture, j'ai cherché un lien entre les différentes nouvelles (qu'il n'y avait pas d'ailleurs). Pour la seconde, je me suis laissée porter par le texte et j'ai d'autant plus apprécié ma lecture.
Je dois également des excuses à Vanessa, j'ai bien mis 3, voire 4 mois à écrire cette chronique. Merci pour ta patience Vanessa, et pour cette lecture magique.
L'avis de Siana :
4/5
Ainsi commence la nuit est un recueil de nouvelles regroupant des textes parus auparavant dans des fanzines. Si la première partie est consacrée à des nouvelles indépendantes les unes des autres, la seconde nous entraîne sur les traces d’Emmanuelle Sarmans, vampire de son état.
L’objet-livre en lui-même est superbe, largement agrémenté de belles illustrations, œuvres de divers artistes, qui apportent un cachet supplémentaire à l’ouvrage.
Les nouvelles indépendantes oscillent entre fantasy urbaine et fantastique. Toujours trop courtes à mon goût, délicieusement bien écrites, elles m’ont offert d’excellents moments de lecture. Ma préférence va principalement à deux d’entre elles. La fontaine des Innocents, texte résolument nimbé d’un fantastique brumeux, mais néanmoins accessible, m’a envoûtée. J’aime cette ambiance un brin onirique, quand le merveilleux, aussi discordant puisse-t-il se révéler, touche du doigt notre réalité. Et puis le personnage principal, une jeune fille qui n’aime pas se mêler aux gens de son âge et qui préfère lire dans son coin m’est bien évidemment sympathique. C’est vraiment un très beau texte.
La seconde nouvelle m’ayant le plus marquée est quant à elle pleinement ancrée dans la fantasy urbaine. Red Cloud nous conte l’histoire d’un vampire qui s’est conformé toute sa vie à l’image que l’on a de lui à cause de son apparence et qui commence à voir les choses autrement grâce à son don et ses… fréquentations. C’est une nouvelle très bien écrite. Le style s’adaptant au personnage, j’ai particulièrement apprécié la gouaille de son narrateur. L’histoire est également surprenante par les tours particuliers qu’elle prend. Je n’ai regretté qu’une chose : sa fin un peu abrupte. Je voulais en savoir plus ! Mais c’est le cas pour toute bonne nouvelle qui se respecte…
Chaque texte est riche de symbolisme, ouvrant au passage de multiples portes vers d’autres histoires. Cependant, si elles ont su me charmer à juste titre, grâce à leurs références aux mythes et légendes, leur magie diffuse pour certaines, leur humour ou évidemment le style très particulier de leur auteur, les nouvelles de la première partie ont été éclipsées par la vitalité qui se dégage du cycle consacré à Manu Sarmans.
Cette seconde partie débute par une courte présentation, avec un lexique et un arbre généalogique comportant des portraits des membres de la lignée de Manu. Le tout nous permet de nous immerger tout de suite dans son univers.
Ce cycle de fantasy urbaine m’a réellement emballée. Le fait que je me sois très vite attachée à Manu y est sans doute pour beaucoup. C’est un personnage aussi passionnant qu’attachant et plus j’ai appris à la connaitre, plus je me suis rendue compte de la richesse de son histoire personnelle. J’aime beaucoup les personnages si travaillés qu’ils en paraissent vivants et c’est le cas pour elle. J’ai apprécié de voir sa vie se dévoiler petit à petit et pas forcément de façon linéaire, même s’il reste encore beaucoup à découvrir.
Pour une vampire, Manu est très humaine. Elle cherche sa place dans le monde, une façon de vivre qui serait en accord avec ses principes et qui lui offrirait une certaine stabilité. Elle a son petit caractère, est un peu peste sur les bords, une éternelle gamine qui ne vieillira ni ne changera plus, mais elle a ce côté protecteur et tendre de la grande sœur qui la rend très attachante.
Manu a besoin des autres, de sa meute, mais ses liens avec elle sont brisés et elle en souffre. Il vous faudra lire son histoire pour en savoir plus, mais si vous obtiendrez ainsi la grande majorité des réponses, il se pourrait que, comme moi, vous regrettiez de n’avoir pas passé plus de temps avec elle. J’aurais aussi aimé connaître mieux ses ascendants et descendants. J’étais chagrine de quitter Manu et si j’espère lire un jour d’autres nouvelles concernant sa lignée et elle-même, je dois tout de même avouer que ce cycle est très complet.
C’est par un poème que se conclut le recueil, un très beau texte qui nous montre à quel point Vanessa Terral a le goût du détail et sait s’en servir pour enrichir son univers. Au moyen-âge, la prose était très secondaire, pour ne pas dire insignifiante, et cela renforce l’idée que ce poème vient de cette époque. Dans sa forme, dans les événements qu’il décrit, il est vraiment lié à cette période, à son mode de pensée et son imagerie. J’aime l’idée de vouloir en faire une légende que se transmettraient les vampires en lui donnant la forme qui la rendrait crédible. Il s’agit en effet du récit de leurs origines et celui-ci est vraiment original. J’ai lu beaucoup d’histoires de vampires et n’ai jamais rien trouvé de semblable. Il y a derrière ce court texte beaucoup plus de travail qu’il n’y paraît.
Ainsi commence la nuit est un excellent recueil qui saura enchanter les lecteurs qui connaissent déjà Vanessa Terral, mais aussi ceux qui souhaitent découvrir son écriture et son univers. Je ne peux que vous le conseiller chaleureusement.
Comme il faut le savoir pour se le procurer, j'adjoins, ce qui n'est pas coutume, quelques précisions : l'ouvrage est disponible en version papier sur the book edition, mais également en epub sur lulu.com et auprès de l'auteur, ainsi qu'en version kindle.