Carne
4° de couverture
Simon ne va pas bien. D’ailleurs, depuis qu’il s’est mis à vouloir manger de l’humain, les choses ne tournent pas bien rond dans sa tête. Face à une société qui les traite, lui et ses congénères, comme des zombies, il fait de son mieux pour garder sa dignité, s’occuper de sa famille et être professionnel au bureau. Mais comment rester soi-même quand la faim frappe à la porte avec autant de délicatesse qu'un tank sur un champ de mines ?
Contraint à gérer son état parasite en maintenant l’illusion de la routine, il décide d’en faire une histoire de famille. Et vous savez ce qu'on dit sur les histoires de famille ?
C'est toujours un sacré bordel.
Notre avis
Avis de Littlewolf
Simon ne comprend pas ce qui lui arrive depuis quelques jours. Il se sent perdu, sa mémoire flanche et les évènements des derniers jours s’emmêlent. En plus, le voilà qui se met à avoir envie de chair humaine... Mais que lui arrive-t-il ? Est-il le seul dans ce cas ? Suivez Simon dans sa transformation et sa lutte pour rester humain et protéger sa famille. Mais soyez prévenus, tout ne va pas se passer comme prévu !
Le roman a deux traits qui font son caractère et son originalité. Le premier, ce sont les chapitres qui ne sont pas présentés dans l’ordre chronologique. C’est assez perturbant au début et j’ai mis un peu de temps à comprendre ce qu’il se passait et à bien entrer dans le livre. Mais, au fur et à mesure, on s’habitue à cette chronologie décousue et je trouve que cela reflète bien l’état d’esprit de Simon. C’est un peu comme une mise en condition pour nous faire nous identifier au personnage et, malgré un début un peu difficile, c’est globalement une réussite. Bravo à l’auteure pour avoir relevé avec succès ce défi pas évident. Le second, c’est l’humour. Il s’agit ici d’un humour noir, franchement pas politiquement correct mais ça a très bien pris avec moi. Attention, cela pourrait choquer certaines personnes car l’auteure ose vraiment toutes les blagues, sans aucune censure. Et puis il y a les jeux de mots que j’ai adorés comme quand Simon mange son chien, un teckel appelé Wurst (saucisse en allemand) …
Le traitement du zombie est ici très différent de ce que l’on peut trouver dans la littérature post-apocalyptique avec le focus mis sur le traqueur plutôt que le traqué, et le roman tient autant de l’humour que de la critique sociétale. Derrière les blagues, on se moque de notre société et de notre mode de vie : la presse, Youtube, la téléréalité, la politique, … tout y passe. Mais en dehors de l’humour, et au-delà de cette histoire de zombies, l’auteure évoque aussi des sujets comme l’inceste et le viol. C’est abordé crûment, principalement au travers de Jessica, la fille de Simon. C’est un personnage torturé que j’ai vraiment eu du mal à encadrer mais son comportement nous fait nous interroger sur les séquelles laissées par les traumatismes et sur la difficulté d’en parler et de se faire entendre.
Au final, j’ai dévoré (haha) le roman, il se lit tout seul. J’ai adoré le ton et l’humour mais j’ai eu un peu plus de mal avec les thématiques abordées. Je pense que cela tient surtout à la manière dont l’auteure les traite, comme si elle avait voulu voir jusqu’où elle pouvait aller. Si vous n’êtes pas facilement choqué, je ne peux que vous conseiller de tenter cette lecture inhabituelle !