Côté face
4° de couverture
J'étais en retard et si ce n'avait pas été le cas jamais je n'aurais pris ce tram et jamais je ne l'aurais rencontré. Lui. Celui qui allait détruire ma vie en réveillant une mémoire qui sommeillait en moi et dont j'ignorais l'existence. Un autre côté de moi-même.
« Te séduire, t'emmener, te torturer, te violer et t'assassiner. »
J'avais une vie...
Notre avis
L'avis de Chani
« Te séduire, t'emmener, te torturer, te violer et t'assassiner. »
C’est en lisant cette phrase, dans l’excellent avis de Kamana, que la psychopathe qui sommeille en moi a voulu lire ce livre. Intriguée, j’ai été farfouiller sur le site de l’auteur où j’ai lu les cent premières pages. Enfin pas complètement lu, une partie des chapitres étaient proposés en version audio, très bonne initiative qui m’a permis de rentrer encore plus facilement dans l’histoire et de me sentir davantage proche du personnage principal. Au bout des cent pages, je ne tenais plus et j’ai commandé l’ouvrage que j’ai dévoré dès réception.Le seul petit bémol, c’est la couverture qui fait davantage romance historique qu’autre chose et qui ne m’a pas séduite, voir même qui m’aurait dissuadée d’acheter le livre de prime abord. Je sais, c’est du détail, mais ceux qui me suivent savent à quel point je peux parfois être futile… Passons…
Comment parler de ce livre atypique, qui m’a énormément plu ? De vous à moi, je préfère presque lyncher un bouquin, c’est beaucoup plus facile de dire ce que l’on n’a pas aimé plutôt que d’essayer de donner envie.
Une jeune fille croise le regard d’un garçon dans le tram, c’est ainsi que le quotidien bien tranquille d’une adolescente va commencer à basculer dans un cauchemar éveillé. Réminiscence du passé ou folie, que lui arrive-t-il, pourquoi des évènements inconnus lui semblent tellement familiers ? Qui est ce jeune homme, qui est-elle au final ?
On ne peut pas résumer ce livre correctement si on ne veut pas spoiler, et je ne veux pas spoiler. Donc il faudra vous contenter de ces quelques phrases, et à la fin de cette chronique vous devriez être suffisamment intrigués à votre tour pour avoir envie de vous procurer un exemplaire de Côté face (enfin en principe. Si ce n’est pas le cas c’est que je me suis plantée).
Mais revenons à notre intrigue. Anne Denier nous entraîne petit à petit dans son univers inquiétant, étrange et parfois glauque, de sorte que l’on se retrouve, sans s’en apercevoir, plongé au cœur du roman. Cette proximité renforce l’empathie ressentie pour l’héroïne, mais je pense que certains lecteurs trouveront cela étouffant, voir dérangeant à cause de l’ambiance sombre du livre et de certains thèmes abordés comme la cruauté, la domination ou la violence, qui peuvent mettre mal à l’aise... Cette jeune fille, comme les autres personnages contemporains, n’a pas de prénom, on sait peu de choses d’elle, ce qui lui donne un petit côté irréel et désincarné. En revanche, les personnages évoluant dans le passé sont tous nommés, les rendant plus tangibles que les précédents, accentuant le trouble du lecteur.Le récit est quant à lui rythmé, bien mené, l’auteur abat ses cartes lentement, méthodiquement, et avec brio. Si ses personnages ne semblent pas toujours l’être, le récit est équilibré, la narration dynamique, il y a juste ce qu’il faut de descriptions pour contenter le lecteur, sans verser dans l’excès de détails. Mention spéciale pour les dialogues, exercice ô combien difficile rarement maitrisé par les jeunes auteurs, autoédités de surcroît, qui sont ici totalement réussis.D’ailleurs, pour rebondir sur le fait que ce roman est autoédité, je dois dire que je suis très agréablement surprise par la qualité de syntaxe et la quasi-absence de fautes diverses et variées. Certaines grandes maisons d’édition ne font pas aussi bien de ce côté-là…
Pour son premier livre, Anne Denier nous offre un roman fantastique, teinté de romance, avec une pointe d’horreur. Un roman prenant, atypique, loin de ce que l’on peut trouver en ce moment dans les rayons de la Fnouc.
Après, la seule chose que je ne comprends pas, c’est le manque d’intérêt des éditeurs traditionnels pour cette histoire, parce que, franchement, Anne Denier et son histoire n’ont rien à envier à certains titres qui ont trouvé leur place en librairie (pour certains ça ne peut être que du copinage, ou bien de la magie noire, je ne vois pas d’autre explication…).
S’il n’a pas (encore) trouvé d’éditeur, Côté face a largement mérité sa place dans mes coups de cœur (oui, je sais Anne, à choisir tu aurais sans doute préféré l’éditeur !).
Côté face est disponible à la vente ici.