Gagner la guerre
4° de couverture
Au bout de dix heures de combat, quand j’ai vu la flotte du Chah flamber d’un bout à l’autre de l’horizon, je me suis dit : « Benvenuto, mon fagot, t’as encore tiré tes os d’un rude merdier ». Sous le commandement de mon patron, le podestat Leonide Ducatore, les galères de la République de Ciudalia venaient d’écraser les escadres du Sublime Souverain de Ressine. La victoire était arrachée, et je croyais que le gros de la tourmente était passé. Je me gourais sévère. Gagner une guerre, c’est bien joli, mais quand il faut partager le butin entre les vainqueurs, et quand ces triomphateurs sont des nobles pourris d’orgueil et d’ambition, le coup de grâce infligé à l’ennemi n’est qu’un amuse-gueule. C’est la curée qui commence. On en vient à regretter les bonnes vieilles batailles rangées et les tueries codifiées selon l’art militaire. Désormais, pour rafler le pactole, c’est au sein de la famille qu’on sort les couteaux. Et il se trouve que les couteaux, justement, c’est plutôt mon rayon...
Notre avis
Livre audio édité par Audible le 02/06/2016
Avis de Littlewolf
Note : Bien qu'il s'agisse du deuxième roman dans l'univers du Vieux Royaume, il peut tout à fait se lire indépendamment.
Benvenuto Gesufal n’est pas quelqu’un de bien. Il est l’homme de main du podestat Leonide Ducatore et c’est un employé fidèle qui remplit sa mission sans scrupules. Son rôle est de protéger le podestat et de faire disparaître les problèmes (ou personnes) qui pourraient s’avérer encombrants et nuire à la carrière politique de son maître.
Gagner la guerre est un roman de fantasy historique. On se retrouve dans un cadre imaginaire, la république de Ciudalia, qui fait cependant penser à la renaissance italienne. Le côté fantasy permet à l’auteur de se démarquer et d’étoffer son univers sans toutefois donner l’impression que cela a été ajouté pour en faire un roman de fantasy plutôt qu’un « simple » roman historique, la magie et les races surnaturelles s’intègrent parfaitement au reste.
Jean-Philippe Jaworski a un certain génie pour décrire la politique mais surtout pour nous faire nous attacher à ce gredin de Benvenuto qui est un personnage tout sauf recommandable ! Ce dernier nous entraîne avec lui dans les manœuvres du podestat dont le but est de gagner la guerre contre l’empire de Ressine, et ce par tous les moyens nécessaires. Bien entendu, tout ne se passe pas comme prévu et les stratégies doivent être adaptées au fur et à mesure des événements. Cela va imposer à Benvenuto, notre cher narrateur, une folle épopée que l’on découvre au fil de son récit tumultueux.
Et cette fin ! Après toutes ces aventures, je me demandais bien comment l’auteur allait pouvoir terminer le roman. C’est une fresque si grandiose que j’avais fort peur d’être déçue par un final qui tombe à plat ou qui ne serait pas à la hauteur du reste du roman. Mais point d’inquiétude à avoir, je trouve que la fin est juste parfaite et elle clôt à merveille cette aventure épique.
Les descriptions constituent une partie importante du roman. Cela pourrait en rebuter certains car elles sont plutôt longues et il y en a beaucoup. Mais elles sont aussi terriblement bien écrites et elles apportent au roman un caractère qui lui est propre. Le style est tellement agréable et vivant qu’on ne voit pas le temps passer. On s’imagine sur le pont de la galéasse amirale, parcourir à pied les rues de Ciudalia ou encore visiter l’une ou l’autre île de l’empire de Ressine et on sent presque l’odeur iodée de l’air marin…
Gagner la guerre est un roman avec lequel il ne faut pas être pressé, c’est une lecture qui se savoure. Si vous savez être patient, vous serez récompensé car cette lecture vous emportera pour un voyage que vous ne serez pas près d’oublier comme si vous y étiez ! Gagner la guerre est, pour moi, un chef d’œuvre du genre et un coup de cœur absolu !