L'hypothèse du lézard

Auteur : Alan Moore
Editeur : Actusf
Date de parution : vendredi 29 mai 2020
Public : Adultes
Genre : Fantasy
Note de la rédaction :

4° de couverture

Som-Som est vendue par sa mère à la Maison sans Horloges de Liavek. Elle va être soumise au Silence et porter le Masque brisé qui la destine à devenir l'amante des magiciens et la gardienne de leurs secrets. Isolée par son incapacité à communiquer, elle va alors assister à l'histoire d'amour violente et cruelle entre Foral Yat et Raura Chin, deux comédiens qui résident avec elle dans la Maison sans Horloges.

L’illustratrice Cindy Canévet a réalisé la très remarquée couverture de Je suis Providence, la biographie de référence sur H. P Lovecraft. Elle donne cette fois vie à la ville de Liavek et aux personnages de L’Hypothèse du lézard, une nouvelle fantasy signée par le grand Alan Moore (Watchmen, V pour Vendetta).

Traduction de Patrick Marcel.

Notre avis

L'avis de Siana 3/5

Liavek, cité de la chance, est une ville-monde de fantasy que se partagent plusieurs écrivains. De nombreuses œuvres y prennent place. C’était néanmoins ma première incursion dans cet univers et j’avais oublié combien Alan Moore pouvait me mettre mal à l’aise. Dès le début, je me suis sentie prise au piège.
L’Hypothèse du lézard est une novella illustrée, cependant je me suis plus intéressée au récit qu’aux illustrations, qui sont magnifiquement exécutées mais froides et léchées. Cela s’accorde à la perfection avec l’histoire qui est aussi cruelle que glaciale, toutefois ce n’est pas dans mes goûts.
Et puis il faut dire qu’elle est fascinante, cette histoire, dans le vrai sens du terme. On navigue entre répugnance et curiosité malsaine. L’ambiance est sombre et raffinée, nimbée d’un érotisme dérangeant, les alcôves de la Maison sans Horloges sont peuplées d’un éventail de monstres sublimes. L’horreur la plus perverse côtoie une fragile délicatesse. Le style lui-même est d’une précision chirurgicale. La traduction rend tout à fait justice à son esthétisme, ce qui renforce encore le contraste avec la cruauté du récit.
Nous le percevons à travers Som-Som, une des prostituées de la Maison sans Horloges qui a subi de nombreuses modifications physiques. Rien que son histoire personnelle réussira à vous faire frémir. Som-Som est privée d’une grande partie de ses sens, mais aussi de sa capacité de communication. Elle est le témoin à jamais muet de ce récit, incapable de venir en aide à une amie qui peut-être ne le voudrait pas.
Cette novella parle d’amour et de vengeance, d’identité et de désir, de domination et de monstruosité sous diverses formes. Je ne crois pas qu’on puisse en sortir indemne.
Ma chronique est basée sur la version numérique qui ne rend sans doute pas justice à la beauté de l’ouvrage dans sa version imprimée.
Je ne peux pas vraiment dire que j’ai apprécié cette lecture, à cause du propos cela s’entend, car le talent de l’auteur ainsi que de l’illustratrice est indéniable, cependant une chose est certaine : elle m’a marquée. J’en ai été perturbée au point de faire des cauchemars la nuit suivante. De mon point de vue, c’est une preuve supplémentaire de la singularité de cet ouvrage.
 
L'avis de Littlewolf 4/5
 
Depuis son balcon de la maison de plaisirs où elle vit, Som-Som est le témoin des allées et venues dans la cour de la Maison sans Horloges. Privée de la plupart de ses sens afin de pouvoir servir les mages sans trahir leurs secrets, elle est la confidente de Raura Chin. C’est notamment à travers ses perceptions altérées que l’on assiste au drame qui se déroule entre Raura Chin et son amant. C’est une histoire d’amour tragique dans un cadre fantastique qui vous promet une plongée dans le bizarre mais aussi dans ce que la nature humaine a de plus pervers.
 
L’ambiance de la nouvelle est franchement sombre avec des descriptions volontairement vagues et parfois oniriques. Cruauté et érotisme s’entremêlent en un ensemble dérangeant. Je me suis sentie mal à l’aise pendant ma lecture, de par les thèmes abordés et la façon dont ils le sont, mais j’ai malgré tout énormément apprécié le récit Même si c’est clairement hors de ma zone de confort, j’ai trouvé que c’était conté avec brio et j’ai particulièrement apprécié la chute. C’est un récit court parfaitement maîtrisé qui parvient à tenir toutes les promesses de ce format.
 
Je terminerai par quelques mots sur l’adaptation graphique de la nouvelle. L’objet livre est magnifique et contient de très belles illustrations de Cindy Canévet qui reflètent les évènements du récit d’Alan Moore. Cependant, cela n’a pas apporté énormément à ma lecture car je me suis beaucoup plus focalisée sur le texte. Cela n’empêche que c’est un plaisir pour les yeux et que le talent de l’artiste est évident. Je suis persuadée que j’y aurais été plus sensible si le texte ne m’avait pas autant perturbée.

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