4° de couverture
Dans cette Venise du bout de l’univers, tout tombe en ruine, les derniers robots, les machines, aussi bien que les vieux palais solitaires. Depuis plus d’un siècle, la ville vit isolée et ne capte plus des autres planètes que de curieux messages qui semblent venir de l’Au-delà.
Lorsque d’étranges lueurs viennent hanter les canaux désolés de la cité lacustre, plongeant les derniers hommes dans des rêves inquiétants et les forçant à les rejoindre sous les flots, tout semble perdu pour ses habitants.
Défiant l’Inquisition qui règne d'une main de maître sur la ville, Ygraine a retrouvé dans un vieux grimoire le secret de la gomme noire, de la gomme des sorcières.
Aidée de quelques amis et d’un robot défectueux qui prédit l’avenir, la jeune femme se lance dans une course de vitesse pour lutter contre ce fléau qui a décimé les hommes à travers la galaxie. Elle est prête à combattre la Mère des Éphémères et à risquer sa vie sur les nefs de feu de l’Inquisition pour réussir à créer un passage, à ouvrir une porte : la Porte des Sorcières.
Notre avis
L'avis de Siana
La Porte des Sorcières est une novella mêlant habilement les genres. Les références traditionnelles à la figure de la sorcière y côtoient la modernité de la Science Fiction. Le Fantastique du futur pourrait ressembler à cela, moitié science empirique, moitié rêve halluciné. Ces deux genres, l’un très personnel, l’autre très humaniste, se rencontrent rarement malgré leur complémentarité. Dans ce texte, le mariage est aussi réussi qu’il est audacieux.
On y croise une femme étrange, ou plutôt étrangère aux siens, un savant, un dandy, un robot déglingué et la fille d’un notable, tous décalés dans une société décadente. L’humanité a colonisé l’espace, mais est en perdition. Sur cette planète isolée, qui ne peut plus communiquer avec le reste de l’univers, les machines tombent en panne et le savoir qui aurait permis de les réparer s’est perdu. Ce petit monde s’est replié sur lui-même, effrayé par l’extérieur autant que par les ombres qui hantent les canaux de cette nouvelle Venise.
J’ai beaucoup apprécié ce mélange entre futur déliquescent et Renaissance italienne. Et, surtout, j’ai aimé cette sorcière 2.0 dont les pouvoirs psychiques s’éveillent, comme ses sœurs antiques, grâce à l’absorption d’une substance illicite. Femme libre, intelligente et solitaire, Ygraine est une sorcière moderne très convaincante. La narration à la première personne nous la rend très proche et la lecture prend vite l’apparence d’un long songe fiévreux mâtiné de cauchemar ou des éléments du passé se mêlent à un hypothétique futur. L’histoire est-elle un éternel recommencement, comme le suggère notre sorcière ?
Tout est réuni pour offrir une excellente histoire de sorcière, avec ce qu’il faut d’originalité et d’élégance. C’est le genre de SF que j’aime, divertissante et néanmoins porteuse d’une réflexion intéressante sur l’humanité, ses travers et son devenir.