Le Dieu dans l'ombre

Titre original : Cloven Hooves
Editeur : Actusf
Date de parution : jeudi 20 juin 2019
Public : Adultes
Genre : Fantastique
Note de la rédaction :

4° de couverture

Evelyn a vingt-cinq ans, un époux, une belle famille et un enfant de cinq ans.
Quand elle était jeune fille, elle avait la compagnie des forêts de l’Alaska, de la poésie de la nature et de Pan, un faune mystique.
Un jour, il disparut.
Elle n’aurait jamais cru que la créature irréelle surgirait à nouveau dans sa vie et agiterait en elle ces émotions fantasmatiques et sensuelles.
A mi-chemin entre la civilisation et la nature, sous le couvert des arbres glacés, Evelyn devra faire face à des choix terribles. Trouvera-t-elle son chemin dans l’ombre ?

Légende de la fantasy, Megan Lindholm, alias Robin Hobb (L'Assassin Royal, Le Soldat chamane), tisse ici un chemin de vie d'une humanité sensible, où le fantasme de la nature se mêle aux désirs sombres et inquiétants qui grouillent au fond de nous.


Notre avis

L'avis de Siana 4/5

Quand j’étais petite, j’avais une affection particulière pour L’Appel de la forêt de Jack London. Ce roman-ci me le rappelle sauf qu’il ne parle pas d’un animal domestique retournant à a nature sauvage, mais d’une femme, tiraillée entre civilisation et sauvagerie. 
Evelyn a grandi en Alaska, livrée à elle-même. Ses parents avaient bien trop à faire avec leurs autres enfants pour se préoccuper d’une petite fille qui ne cause pas de problème, qui ne demande pas de nouvelle robe, qui se rend utile en cueillant et chassant. N’ayant aucune affinité avec ses sœurs, rejetée par ses camarades de classe, Evelyn avait pour seuls amis son chien et un faune. Ami imaginaire ou non ? Il l’a quittée quand elle a grandi, bien malgré elle. 
Au début du roman, Evelyn est une femme adulte, mariée, mère d’un petit garçon, et elle quitte sa chère Alaska pour passer un mois auprès de sa belle-famille. Mais tout ne va pas se passer comme prévu. On sent petit à petit le piège se refermer sur elle. On suffoque avec elle. Mais, encore une fois, est-ce son imagination qui lui joue des tours ? Est-ce son insécurité et son mal-être qui parlent ? 
Dans la première partie, le récit est tressé de souvenirs de son enfance libre et sauvage et du présent qui la voit de plus en plus confinée, inutile alors que petit à petit on grignote ses libertés et son faisceau de possibilités. 
J’ai eu beaucoup de compassion pour cette femme, j’aurais aimé qu’elle se défende plus. On sent sa belle-famille tellement injuste envers elle. Alors bien sûr c’est subjectif, Evelyn étant la narratrice, mais je me suis sentie d’emblée de son côté. 
Et quand arrive l’accident qui va tout changer, comment ne pas être révolté par la façon dont on la traite ? Ces gens sont tout simplement horribles. Je n’ai pas toujours compris les choix d’Evelyn, c’est le moins qu’on puisse dire, mais j’ai vraiment souffert avec elle durant ces chapitres. 
La deuxième partie nous emmène sur un tout autre chemin, qui est pour elle celui de la reconquête de son indépendance, même si cela n’est pas évident de prime abord, car une fois encore elle se laisse conduire. Et cette portion de l’histoire semble s’étirer, sans doute parce que je l’ai trouvée moins accessible, trop loin de ma propre sensibilité. Cependant, elle ne manque pas non plus d’intérêt. 
Le Dieu dans l’ombre est le roman d’une quête initiatique, il demande de la patience et de l’empathie. 
Pour cette réédition, la traduction aurait mérité une révision, il y a plusieurs coquilles, mais c’est un très bon roman. J’aime beaucoup Robin Hobb, néanmoins j’ai toujours eu une petite préférence pour les récits contemporains qu’elle a publiés sous le nom de Megan Lindholm, ils me parlent beaucoup plus, ils apportent une magie sombre dans une réalité dérangeante. 
C'est le cas du Dieu dans l’ombre, ce roman est entre le Fantastique à l'ancienne et le Réalisme magique, donc c'était forcément pour moi. Mais je vous préviens, comme souvent dans le genre le roman est lent, plus introspectif qu'actif et vous aurez sans doute envie de secouer les personnages. C'est fait pour. 
Ce roman se situe à la frontière du sauvage et du civilisé, il parle de la nature humaine et me semble au final assez païen.
 
L'avis de Littlewolf 4/5
 
Imaginez-vous catapultée dans votre belle-famille pour un séjour de quelques semaines afin que votre mari puisse aider l’entreprise familiale de son père suite à une blessure de son beau-frère. Ce séjour, qui était censé être bref, se transforme en mois malgré votre désir de rentrer chez vous. De plus, votre belle-famille, sous ses dehors accueillants et bien sous tous rapports, devient de plus en plus intolérante à votre égard. Vous vous sentez dévalorisée et exclue, au départ par des remarques et non-dits qui vous font vous demander si c’est vous qui devenez folle, puis les choses vont de mal en pis. C’est ce qui arrive à Evelyn et, malheureusement pour elle, l’hostilité de sa belle-famille n’est qu’un prélude à un drame bien pire qui va déclencher un conflit ouvert et marquer un tournant profond dans sa vie. En parallèle aux événements se passant chez les Potter, le roman retrace le parcours d’Evelyn de l’enfant sauvage qu’elle était à la femme un peu effacée qu’elle est devenue en essayant de s’intégrer.
 
Le récit a instillé en moi un profond sentiment de malaise face à la cruauté des hommes pour ceux qui sont différents, ne font pas partie de leur clan. Je n’ai pas toujours adhéré aux choix d’Evelyn ou bien compris ses motivations et réactions mais j’ai par contre ressenti une grande empathie à son égard et j’ai eu beaucoup de compassion pour elle. J’ai senti ma gorge se serrer à la lecture de certains passages. La quête d’Evelyn afin de se retrouver est semée d’obstacles et va passer par plusieurs phases, du déni de son expérience surnaturelle à son embrassement total. On a parfois l’impression qu’elle se laisse porter plus qu’elle ne décide elle-même et on se demande si elle va atterrir où elle le souhaite ou là où les évènements vont la conduire. C’est un voyage qui commence dans la réalité pour se poursuivre dans les légendes païennes. Il est mâtiné d’amour, de chagrin et d’une sensualité bestiale un peu dérangeante.
 
Le Dieu dans l’ombre est un roman avec lequel il faut prendre son temps. Il vous entraîne sur des chemins escarpés et peu fréquentés, à la recherche du bonheur et de son vrai soi, quel qu’il soit et quoi qu’en pensent les autres et la société. C’est un roman calme dans son rythme mais profondément sauvage et empreint de la magie des anciens dieux de la forêt et de la majesté de cette dernière.

Lolipops178 Le dimanche 15 septembre 2019 à 7:58
Honnêtement je n'ai jamais lu des livres sur les sorcières, et pourtant j'aimerais tellement en lire pour savoir ce qui se passe rèélement dans la tête d'une sorcière

Ajouter un commentaire