Le pion blanc des présages
4° de couverture
Et les Dieux créèrent l'homme, et chaque dieu choisit son peuple. Ah! Que le monde était jeune, que les mystères étaient limpides! Mais Torak, le dieu jaloux, vola l'Orbe d'Aldur, le joyau vivant façonné par l'aîné des dieux, et ce fut la guerre. Le félon fut châtié ; à Cthol Mishrak, la Cité de la Nuit, il dort toujours, d'un long sommeil hanté par la souffrance.
Le fleuve des siècles a passé sur les royaumes du Ponant. Les livres des présages ne parlent plus qu'aux initiés, mais ils sont formels : Torak va s'éveiller. Et justement l'Orbe disparaît pour la seconde fois. Que le maudit la trouve à son réveil et il établira son empire sur toutes choses.
Belgarath le sorcier parviendra-t-il à conjurer le sort? Dans cette partie d'échecs cosmique, il a réussi à préserver une pièce maîtresse : le dernier descendant des Gardiens de l'Orbe, désigné par les présages, mais qui n'est encore qu'un petit garçon jeté sur les routes par une venteuse nuit d'automne. Un simple pion, et si vulnérable...
Notre avis
L'avis de Nairo :
Garion vit une enfance heureuse à la ferme de Faldor. Orphelin, il est élevé par sa tante Pol. Seulement, vous l'aurez compris, Garion n'est pas tout à fait un petit garçon comme les autres. D'ailleurs, quelques personnages du livre ne sont pas ce qu'ils semblent être au premier abord. Il grandit et, arrivé à l'adolescence, il se passe des choses qui obligent Pol à fuir avec Garion, un vieux ménestrel baptisé Sire Loup par le garçon et Durnik le forgeron. En chemin, ils rejoignent Barak, un guerrier Cheresque, et Silk, un petit Drasnien futé. Alors que le groupe a une tâche de la plus haute importance pour la survie du monde, Garion se pose mille questions sur ses racines, ce qui l'amène à faire quelques folies pour se faire remarquer.
J'aime beaucoup cette décalogie (enfin, sans compter les préquelles) car les personnages sont crédibles. J'ai un faible pour eux car ils sont humains et imparfaits. Bien sûr, certains ont des dons particuliers, d'autres sont presque immortels (puisque disciples des Dieux), mais aucun ne ressemble à un Apollon sans défaut, devant lesquels héros comme lecteur tombent (soi-disant) en pâmoison (et que l'on ressasse une bonne vingtaine de fois pour le cas où ce ne serait pas clair). Point de Mary/Gary Sue non plus : les héros ne deviennent pas plus puissants de manière impromptue juste pour arranger l'auteur.
Les Eddings ont vraiment mis au point un univers à part entière avec des cartes du monde pour que le lecteur puisse se repérer. Et pour nous le présenter, dans ce premier tome, sans que ça soit gonflant ou redondant, c'est le vieux ménestrel qui nous raconte l'histoire des Dieux et de la création lors d'un dîner à la ferme de Faldor. Le tout est travaillé avec beaucoup d'humour et une pointe de dérision. Le fil conducteur est toujours présent et s'étoffe avec le temps. J'ai toujours pensé que cette saga aurait gagné à être portée à l'écran (ou au théâtre) et ce, depuis la première fois où je l'ai lue. C'est un ami qui me l'a faite découvrir et je l'ai moi-même conseillée à d'autres d'ailleurs.
Concernant les 14 tomes en général, l'univers est très complet et je pense que peu de choses ont été laissées au hasard. Les grands événements sont présentés de plusieurs points de vue, mais jamais de manière redondante car chaque récit exploite de nouvelles choses sans s'attarder sur les "anciennes". Et les narrateurs ne sont pas toujours les mêmes, ce qui pimente un peu l'histoire, d'autant que l'on ressent vraiment les différences.
Les auteurs se sont amusés, je pense, mais il y a un vrai travail de recherche : ils n'ont pas cédé à la facilité.
Il me semble que pour les amateurs de fantasy, cette saga est incontournable.
Avis rédigé dans le cadre du défi lecture 2012 : Auteur mort.