Légendes de Corse
4° de couverture
Au bord d’une rivière, un jeune homme rêve d’amour en contemplant, à la dérobée, une fée qui peigne sa chevelure magnifique. Dans son atelier, un forgeron rusé et désintéressé trompe la Mort venue le chercher. Sous un orage terrible, un berger voit ses moutons transformés en rochers. En haut des montagnes, une pauvre jeune fille se met en route, fière et dure, pour rejoindre son riche fiancé… Figures tragiques et facéties du destin : écoutez, la Corse se laisse conter !
Notre avis
L'avis de Siana :
Ce recueil est composé de treize contes parmi les plus connus de Corse. J’en ai moi-même maintes fois entendus la grande majorité, avec plus ou moins de variations, au cours de mon existence. Étant donné que l’esprit de la collection Contes et Légendes est justement de présenter des contes régionaux typiques, on peut considérer que le but est atteint.
Dans ces pages, vous rencontrerez entre autres une fille au cœur de pierre, une fée mélusinienne, des sorcières, beaucoup de bergers et bien entendu Saint Martin, personnage récurrent dans nos histoires, faiseur de miracles à l’esprit vif et taquin. Vous apprendrez aussi pourquoi nous appelons les 2, 3 et 4 avril des jours prêtés ou comment les bergers ont appris à préparer le brocciu.
Peut-être certains textes vous sembleront-ils familiers. Les contes sont ainsi faits qu’ils reprennent souvent des thèmes communs de par le monde, c’est pour cela qu’ils parlent à l’imaginaire de chacun.
Il est possible que vous soyez également surpris de découvrir dans ces contes des personnages chrétiens bien loin de leur image originelle. C’est très corse, la religion étant chez nous assez présente mais imprégnée de paganisme et autres superstitions.
Francette Orsoni, conteuse de profession, appose également sa patte sur ces récits – elle aime bien les envolées lyriques. C’est une façon de conter comme une autre, pas ma préférée, mais qui ne dénature pas vraiment les histoires. Cependant, il faut garder à l’esprit que ce sont des adaptations, une vision très personnelle donc, comme elle l’écrit elle-même. Cette souplesse narrative est aussi ce qui fait la richesse des contes et légendes.
J’ai toutefois été un peu déçue par sa version du Comte Pazzu qui, je trouve, passe à côté du symbolisme de l’histoire en omettant des détails que je juge importants et en insistant sur d’autres qui le sont moins. De même, la fin de Miseriu m’a semblé légèrement bâclée et il est dommage que dans les joutes du diable et Saint Martin l’épisode du pont ait été oublié. Mais nous avons tous notre façon de voir les choses et le bagage émotionnel que véhiculent pour moi ces contes ne me rend pas forcément très objective…
Malgré ces quelques réserves, il s’agit d’un bon recueil si vous souhaitez découvrir des contes corses caractéristiques. Du point de vue du style, il est à réserver aux enfants qui sont déjà de bons lecteurs. Gardez également à l’esprit que certains textes sont assez sombres, ce n’est pas pour un très jeune public. La Pierre du Sarrasin, notamment, n’est pas du tout pour les enfants et ce n’est d’ailleurs pas vraiment un conte à proprement parler. C’était la première fois que je le lisais et je suis dubitative quant à sa place dans un tel recueil. Son seul mérite est, à mon sens, d’expliquer succinctement la tradition des vœux de compérage. Cela mis à part, aucun des récits que je connaissais ne m’a traumatisée quand j’étais petite et je suis d’avis que les enfants font la part des choses, toutefois je préfère prévenir les parents qui choisiront en connaissance de cause.