Punk's not dead

Saga : Cercueil de nouvelles
Rang dans la saga : N° 2
Editeur : Midgard
Date de parution : lundi 21 octobre 2013
Public : Adultes
Note de la rédaction :

4° de couverture

À quoi l’Apocalypse ressemblerait-elle, contée par un punk zombi ?
Qu’adviendrait-il si le QI des français se trouvait d’un coup démultiplié ? Un grand sursaut ? Une nouvelle Révolution, 1789 version 2.0 ?
Est-il sage pour un mortel de tomber amoureux d’un succube ?
Les gentlemen du futur pourront-ils régler leurs querelles au disrupteur à vapeur, sans manquer aux règles de l’étiquette ?
Comment se protéger des cadences infernales, de la fatigue et du stress au travail, lorsque l’on a le malheur de s’appeler « La Mort », et d’exercer un métier pour laquelle il n’est pas de congés ?

Autant de sujets graves, traités entre ces pages avec sérieux.
Ne laissez pas vos neurones s’étioler, offrez une cure de Jouvence à vos zygomatiques. Cessez de résister, accordez-vous une douce violence…
De toute évidence, PUNK’S NOT DEAD a été écrit pour vous.

Notre avis

L'avis de Siana :

5/5

Attention, coup de cœur !

En considérant tout d’abord « l’emballage » lui-même, Punk’s not dead est un bel objet. C’est certes le texte qui importe le plus, mais ça fait toujours plaisir d’avoir entre les mains un livre aussi réussi visuellement. Les polices d’écriture ont été choisies avec soin, de même que les dessins marquant des interruptions de chapitres sont toujours adaptés au récit qu’ils jalonnent. Chaque nouvelle comporte en outre au moins une illustration. Ces détails minutieusement disséminés dans l’ouvrage concourent tous à le rendre très agréable à parcourir.
J’ai de surcroît beaucoup apprécié qu’à la fin de chaque texte l’auteur nous explique sa démarche artistique. Il évoque la genèse de la nouvelle et les thèmes abordés qu’il relie à un contexte. C’est à chaque fois intéressant et ce petit plus opère toujours un certain charme sur moi. Peu d’auteurs prennent la peine de nous proposer un tour d’horizon dans leurs ateliers ou les coulisses de leurs histoires, ça devrait arriver plus souvent.
Bien sûr, au-delà de la beauté de l’objet et de ces incursions « behind the scenes », il y a les nouvelles, ce pour quoi on achète vraiment un recueil, et celles-ci m’ont particulièrement enthousiasmée.
L’écriture d’Anthelme Hauchecorne est aussi subtile que maîtrisée, conférant une certaine élégance à ses récits, même les plus grinçants ou glauques. En effet, l’auteur ne se prive pas d’étaler un humour assez noir dans les univers sombres qu’il brosse, ses personnages, un brin désemparés parfois, paumés ou à côté de la plaque, se raccrochent à des bribes d’espoir souvent ténues, mais néanmoins bien présentes. Leurs histoires n’en sont que plus addictives alors que, découpées avec précision, elles entraînent facilement le lecteur dans leurs méandres. Parfois l’humour les allège, d’autres fois il renforce leur ambiguïté, mais il est toujours mesuré.
L’auteur sait mettre son propos en valeur, il dose savamment le divertissement et la réflexion et ne prend pas ses lecteurs pour des abrutis. J’ai vraiment apprécié l’intelligence qui nimbe ce recueil, dans son fond comme son agencement.
Certains univers, parmi ceux que j’ai trouvés les plus prometteurs, sont appelés à être explorés plus avant dans d’autres écrits. Certains le sont déjà d’ailleurs. C’est avec plaisir que je m’y replongerai. Décembre aux Cendres, par exemple, est un des récits que j’ai préférés et je l’ai lu avec avidité, regrettant amèrement que cela se termine si vite. Il s’agit d’un conte de Noël décalé et désenchanté, impression renforcée pour ma part car je l’ai justement lu à l’époque de Noël. J’espère vraiment pouvoir lire prochainement d’autres histoires sur ces personnages et la ville de Brûle-Peste.
J’ai aussi retrouvé avec plaisir La Ballade d’Abrahel, réécriture de conte présentée auparavant dans l’anthologie Contes et légendes revisités de chez Parchemins et Traverses, que je vous conseille au passage. L’auteur a su insuffler une vraie réflexion dans cette histoire en l’arrachant à l’obscurantisme dont elle est issue. Cela me touche tout particulièrement.
Le Buto atomique, interpelle de même par ce qui s’est glissé de réalité entre les lignes, par l’empathie qui se dégage de ce récit au-delà de la richesse très prometteuse du système de magie évoqué. Une fois encore, j’espère croiser de nouveau ces personnages et en apprendre plus sur les Sœurs et leur danse.
Le Roi d’Automne, à rattacher à l’univers du roman Âmes de verre, fait également partie des textes qui m’ont le plus rapidement prise dans leurs rets. Cette histoire complexe, à la mythologie très travaillée, ne peut que donner envie de se plonger dans le roman de l’auteur pour explorer plus avant cet univers fascinant.
Parmi les textes plus concis auxquels l’auteur n’envisage pas de suite, il y a notamment l’excellent Sarabande Mécanique. J’ai bien conscience de ne pas faire honneur à l’intelligence que l’auteur a mis dans la création de son récit, comme de ce recueil dans son entier d’ailleurs, mais c’est encore le mot qui traduit le mieux mon impression : c’est excellent. La valse des références, cinématographiques (que je connais moins), littéraires (plus de mon ressort) et historiques est particulièrement gracieuse. C’est grinçant et drôle, futé et divertissant à la fois. Une nouvelle à chute comme on les aime.
Mais tous les textes de Punk’s not dead valent le détour et tous mériteraient un petit mot dans cette chronique, ce que je ne peux leur accorder malheureusement.
Vous irez de surprise en surprise en ouvrant ce recueil, d’une apocalypse zombie démentielle et génialissime en compagnie du dernier Punk de Grande-Bretagne à une anticipation sous forme de documentaire, en passant par un avènement de la robotique vu par les yeux d’une intendante pétrie de sarcasme ainsi qu’une histoire déjantée de quête à l’ancienne et de fantôme dans une double narration particulièrement bien rodée. Et puis il y a les dragons… Que sont devenus les dragons d’après vous ? Vous le saurez peut-être en lisant Punk’s not dead.
Je vous conseille vivement d’investir dans la version papier car outre le fait que, comme je l’ai déjà seriné, elle est très classe, la version numérique a une caractéristique qui est pour moi un petit défaut. Certains passages en gris clairs sont particulièrement difficiles à déchiffrer sur une liseuse dont on ne peut régler le contraste. Certes mes problèmes de vue y ont sans doute une part, mais ça reste désagréable même pour des yeux en bonne santé.
Enfin, que vous choisissiez le papier ou le virtuel, j’espère que vous vous laisserez emporter et charmer par cette lecture au moins autant que moi et qu’elle vous donnera envie de découvrir d’autres écrits d’Anthelme Hauchecorne.

Si vous voulez vous faire une idée, sachez que vous pouvez télécharger deux nouvelles figurant dans ce recueil sur le site de l’auteur : Sarabande Mécanique et Les Gentlemen à manivelle.

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