Revue de web : Livre Paris 2016
Rédigé par : Exécutrice

Ce weekend s'est tenu le salon Livre Paris (ça valait vachement le coup de changer de nom tiens) et ce que je vous disais dans mon article précédent s'est assez bien retrouvé dans les témoignages d'auteurs et de lecteurs que j'ai pu lire sur Facebook et Twitter.

Ce matin j'ai entendu sur France Inter que la fréquentation avait baissé de 15% par rapport à l'an dernier... (180 000 visiteurs en 2015, soit 27 000 personnes de moins cette année environ). Tiens donc, avec un billet d'entrée à 12€ et l'impossibilité d'apporter ses propres livres à faire dédicacer, je trouve ça vraiment très étonnant (Ironie inside) !

Quasiment tous les blogueurs que je connais et qui avaient leurs accréditations les années précédentes se sont vus refuser le précieux pass cette année. Donc pour résumer on ne veut plus des blogueurs, qui pourtant font beaucoup d'efforts pour parler des salons, et on fait payer plein pot l'entrée aux lecteurs. 

Hier soir, je suis tombée sur un statut de Gilles Legardinier

Commençons par la colère : le salon du livre de Paris, renommé après un briefing d’esprits supérieurs « Livre Paris ». Ça change tout.

Une immense librairie faite pour vendre, pour découvrir, pour rencontrer. Des milliers d’auteurs, des millions de livres, un pays magnifique invité, des régions en quête de contact.

De l’autre côté, des dizaines de milliers de visiteurs qui ont envie de découvrir, de rencontrer. Et entre les deux, façon péage, une entité floue qui croit malin de faire payer 12 euros à des gens à qui on est supposé donner envie de venir. C’est aussi sans doute pour le bien des lecteurs et des auteurs que ces tout-puissants envisageaient de « taxer » quiconque apporterait des livres déjà achetés pour les faire dédicacer. Merci aux éditeurs d’avoir pesé pour instaurer une tolérance.

Dans un pays où l’on n’arrête pas de la ramener avec l’importance de la culture, de la lecture, de l’éducation, on fait concrètement payer son accès. Ce ne sont pas des lois idiotes qui feront lire les gens, mais des textes et des rencontres. C’est aussi simple que ça. Alors de qui se moque-t-on ? Qui sont les brillants esprits qui, sous couvert de promouvoir et défendre la littérature, la flinguent un peu plus au nom de pseudo-justifications ?

De ma modeste place, je ne prétends pas tout comprendre, mais de la part de ceux qui ont la prétention de gérer, il est évident qu’il y a deux ou trois principes de base qu’ils ont oubliés. Le salon n’est ni plus ni moins qu’une foire, une librairie géante éphémère destinée à vendre. Dans quel magasin paye-t-on avant d’entrer ?

Des auteurs viennent y tenter leur chance, ils ont besoin de voir du monde. Ceux qui sont un peu plus loin sur le chemin viennent rencontrer leur public. Je suis entièrement d’accord avec mes collègues écrivains et dessinateurs qui disent que sans auteurs il n’y a pas de livres, mais nous ne devons pas oublier que sans lecteurs, il n’y a rien. Ni auteurs, ni livres, ni industrie. Rien. Sans les gens que le salon rackette un peu plus, plus rien n’existe.

L’année dernière, en équipe avec quelques autres auteurs, nous avons déjà eu une discussion houleuse avec des officiels. Le salon mise sur une curiosité et sur l’affect des lecteurs envers les noms les plus connus pour faire venir du monde. C’est le principe de la locomotive. Rien à redire à cela. Mais cela se respecte aussi.

Pourquoi avoir supprimé la journée du lundi destinée aux libraires, opportunément calée le jour de fermeture des magasins, et qui permettait de superbes rencontres, pour la mettre le jeudi, jour de commerce ? Encore bravo. Bref, l’année prochaine, si rien ne change, ça va grogner, vraiment.

 

Franck Thilliez aussi a dit quelques mots sur le salon :

En réponse à cette polémique autour du prix de l'entrée du salon du livre de Paris... 

Oui, 12 euros, c'est bien trop cher, la culture ne doit pas être élitiste et doit être offerte à tous. Honteux, je trouve, d'interdire aux lecteurs d'entrer avec leurs propres livres. Oui, le salon du livre de Paris, c'est un méchant business. Les lecteurs, les éditeurs sont les premiers à payer. A l'intérieur, tout est payant, trop cher, même les pauvres sandwich au jambon ou le simple café imbuvable... L'impression, parfois, de se trouver dans une foire quelconque. Pour nous non plus, romanciers, ce n'est pas forcément drôle. Foule, bruit, dédicaces à la chaine...

Si j'y vais, c'est parce que ça fait à peu près 3 mois que je me suis engagé à faire ma dédicace ce 20 mars 2016. Je respecte donc cet engagement, et je suppose que tous les organisateurs de salons, libraires, etc, ne pourront me le reprocher. Depuis environ 15 ans que je vadrouille, il me semble ne jamais avoir manqué un seul rendez-vous pour lequel je m'étais engagé. Pas de raison de le faire pour ce salon-ci. J'y vais aussi pour rencontrer mes lecteurs, faire une photo, échanger quelques mots... Evidemment, j'ignorais cette histoire de prix et d'interdiction, que je n'ai découverte qu'il y a quelques jours...

Je rappelle qu'il existe, toute l'année, multitude de salons du livres qui vous combleront bien plus que ce salon-ci. Des salons gratuits, cela va sans dire, portés par des passionnés pour qui le livre, la lecture, "l'humain" ont un sens. Des amoureux du livre qui s'investissent toute l'année pour que vive la culture, la vraie.Alors pourquoi, parfois, les allées de ces salons chaleureux et gratuits sont vides ? Qui peut m'expliquer ce sinistre paradoxe ?

 

Sur Livres Hebdo on peut lire ceci : 

Malgré une journée de samedi qualifiée par nombre d’éditeurs d’"exceptionnelle", l’ambiance n’était pas à la fête dimanche. De nombreux exposants avaient pressenti la baisse de la fréquentation et donc de leurs recettes. Chez Gallimard, Béatrice Lacoste estime que le chiffre d’affaires devrait s'établir au mieux à - 20 % par rapport à l’année précédente. Même son de cloche chez Flammarion, Glénat ou encore Libéria. Si les livres de poche échappent à la baisse des recettes, ainsi que des maisons comme Harlequin, tractés par de grosses signatures, le bilan est plutôt mitigé. En cause le "jeudi noir" qui a amené, selon les éditeurs interrogés, d’énormes manques à gagner et le prix de l’entrée, 12 euros, considéré par tous comme "prohibitif".

"A Bruxelles, l’entrée était gratuite et nous avons réalisé un excellent chiffre d’affaire, le prix du ticket à Paris bloque clairement les choses", estime la responsable du stand Milady qui se désole aussi de la matinée professionnelle de jeudi "où il n’y avait presque personne". Sur ce plan, pour Sabine Wespieser, des éditions du même nom, Livre Paris se solde tout simplement par un "échec". "D’habitude, durant la journée professionnelle, je vois une centaine de libraires, là il n’y en avait qu’une quinzaine", déplore-t-elle. Comme elle, nombreux sont ceux qui se montrent dubitatifs devant le nouvel agenda de la manifestation et souhaitent des réajustements pour la prochaine édition qui se tiendra du 23 au 26 mars 2017.

 

Quelques tweets de gens mécontents ou déçus... Bien sûr il y en a qui sont très contents car ils ont pu voir leurs auteurs préférés, mais dans l'ensemble, j'ai vraiment le sentiment d'une édition râtée. 


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