4° de couverture
1993 : l'année du bac pour Allison, qui attend le jour où elle pourra quitter sa petite ville terne. Heureusement, il y a la musique. Le groupe dans lequel elle joue de la basse, Sugarmaim, mais aussi tous ceux qu'elle écoute : Pixies, Ride, Sonic Youth, Slowdive ou Pavement. Puis il y a celui qui l'a fait littéralement planer, un matin d'hiver froid : My Bloody Valentine. En écoutant « Loveless », walkman sur les oreilles, la jeune fille décolle. Littéralement. Ses pieds ne touchent plus le sol. Elle lévite. Quand l'expérience se répète, Allison commence à s'inquiéter. Pourquoi est-elle ainsi transportée par la musique ? Est-elle malade ? A-t-elle hérité d'un étrange pouvoir que possédait son père, disparu quand elle était enfant ? Pour le découvrir, elle va devoir se perdre dans une salle de concert anglaise, à la recherche d'un auteur dont le personnage principal est atteint du même syndrome. Se perdre... et se retrouver ?
Comédie douce-amère sur l'adolescence, les origines et le passage à l'âge adulte, avec la musique des années 90 en fond sonore, Allison remixe L'Attrape-cœur avec John Hugues. Une histoire d'amour et de connaissance de soi hantée par la voix rauque de Kurt Cobain.
Notre avis
1993, Allison a 17 ans, elle est bassiste dans un groupe de rock et ne s’en fait pas trop pour le baccalauréat qui approche inexorablement. C’est une fille de son époque, même si elle n’en a pas trop l’impression quand elle compare ses goûts à ceux de ses camarades. Mais Allison a un petit truc en plus : elle lévite. C’est arrivé comme ça, alors qu’elle marchait tranquillement dans son lotissement, son casque de walkman vissé sur les oreilles, en route pour acheter des clopes.
Dès lors, la jeune fille s’interroge. Fume-t-elle trop ? Ou alors cette étrange aptitude lui vient-elle d’un père, musicien lui aussi, disparu alors qu’elle était trop jeune pour se souvenir de lui ?
Entre atermoiements adolescents et quête identitaire, saupoudrés d’une pointe de réalisme magique, Allison est une chronique du début des années 90 et de leur univers musical.
J’étais un peu plus jeune que le personnage à l’époque, mais j’ai eu grand plaisir à replonger dans ma propre adolescence avec Allison. Au-delà de la bouffée de nostalgie qui m’a envahie, j’ai apprécié le récit pour le réalisme des impressions décrites par la jeune fille. Ses inquiétudes, sa façon maladroite de chercher à connaître ses origines, son rapport à la musique et toutes les petites choses qui constituent son existence la rendent consistante, pas toujours très sympathique, mais humaine et tangible.
La lévitation, au final, importe peu. Il s’agit surtout de l’évolution d’une jeune fille qui devient femme, qui gagne son indépendance en devenant, comme le fait remarquer un personnage, un peu plus elle-même à chaque instant sans pour autant avoir été incomplète auparavant. Ce roman est à sa façon une belle métaphore de l’acte de grandir ainsi que du magma de sensations et d’émotions qu’est l’adolescence.
Assez court, il se lit comme un rien. Seul un passage un peu mou en milieu de parcours, quand l’héroïne rencontre l’écrivain qui, elle l’espère, pourra la renseigner sur son don, m’a laissée un peu dubitative. Je l’ai plutôt vu comme un prétexte aux événements qui suivent et ai trouvé ça dommage.
Cela étant, j’ai apprécié ma lecture. Je me suis imprégnée avec délectation de l’esprit de cette décennie qui me manque parfois et j’ai aimé regarder Allison grandir.