L’étrange affaire de Spring Heeled Jack
4° de couverture
Londres, 1861
Sir Richard Francis Burton
Un grand explorateur et un érudit de talent. Sa réputation a été salie et sa carrière ruinée. Il est dans de sales draps.
Algernon Charles Swinburne
Un jeune poète prometteur et avide de sensations fortes, disciple du marquis de Sade. Le cognac causera sa perte. C’est le cadet de ses soucis.
Les deux hommes sont au cœur d’un empire déchiré par les conflits. D’extraordinaires machines envahissent un monde soumis à des lois des plus répressives. Tandis que certains défendent une société fondée sur le génie créateur, d’autres repoussent les limites de la conscience en ayant recours aux drogues, à la magie et à l’anarchie.
Lorsque des loups-garous terrorisent l’East End londonien et que des jeunes filles deviennent la proie d’une effroyable créature nommée Spring Heeled Jack, le duo n’a plus d’autre choix que d’agir. Au plus vite.
Tous deux se trouvent confrontés à l’un des événements les plus décisifs de cette époque. Mais la pire de leurs découvertes pourrait bien provoquer la fin du monde tel qu’ils le connaissent…
Quand une poignée d’hommes change l’Histoire, l’Histoire change tous les autres.
Notre avis
L'avis de Siana :
Face à cette lecture, je me suis un peu sentie comme Vassilissa devant le tas de graines que la Baba Yaga lui donne à trier. Certaines choses m’ont beaucoup plu, d’autres non, mais il serait titanesque de séparer les bonnes des mauvaises graines.
L’étrange affaire de Spring Heeled Jack est une uchronie steampunk mâtinée de voyage temporel et de paradoxes. L’idée est bien trouvée et très développée, mais de façon plutôt inégale. J’ai toutefois aimé la manière dont l’auteur se sert de l’Histoire et de personnages connus pour mieux les décaler dans son univers délirant. C’est l’effet ricochet, une onde se propage et des variations de plus en plus flagrantes troublent le cours de l’Histoire telle que nous l’avons apprise. Elle a ainsi pu largement dévier, tout en restant accessible au lecteur.
Il est intéressant de voir la manière dont l’auteur fait se répondre le réel et l’imaginaire. Par contre, sa façon de gérer le paradoxe a de quoi donner la migraine. Ce n’est totalement pas illogique en soi, cependant on sent qu’il manque quelque chose et cela m’a un peu gênée. Il use, en quelque sorte, du concept du « grain de sable » ; celui-ci enraye la machine et crée un inextricable cercle vicieux. Mais qu’en est-il vraiment du point d’origine ? On ne sait plus où commence réellement le changement ni pourquoi et cela plaît ou perturbe.
Si l’intrigue est travaillée, le décor n’est pas en reste. Hodder a créé un background complexe pour sa série et son mélange de technologies et de manipulations génétiques tient ses promesses. J’ai particulièrement apprécié les perroquets. Il faut savoir que dans ce monde chaque modification apportée à un animal pour le rendre « utile » lui fait acquérir une autre particularité, inutile et parfois même gênante.
Le roman est divisé en trois parties et la première sert principalement de mise en place. Elle présente les personnages, permet au lecteur de se familiariser avec l’univers steampunk, de goûter les changements apportés au cours de l‘Histoire et de s’immerger dans l’enquête. Seulement, je l’ai trouvée un peu longue à mon goût, hésitante, fouillis. Ce n’était pas désagréable à lire, mais j’avais l’impression de ne pas avancer, alors qu’en général j’apprécie que l’auteur prenne le temps de présenter son univers.
Cependant, tout s’emballe dès la deuxième partie et j’ai beaucoup plus apprécié cette suite. Le roman a pris un tour qui m’a plu et j’ai mieux compris les longueurs de la première partie. L’enquête se révèle plus fascinante quand on en a pris la mesure et les personnages, qui ne m’étaient pas particulièrement sympathiques, ont tout de même réussi à gagner mon intérêt.
L’auteur ne se prive toutefois pas de ces facilités typiques du vieux roman d’aventure, de celles qui font des Gentlemen de véritables parangons et des méchants des caricatures, même si ceux-ci, inspiration historique oblige, sont de meilleure qualité que la caricature de base, je l’admets.
Hodder a également essayé de brosser la société de l’époque, mais tout ne m’a pas semblé logique ou très crédible, comme par exemple des orphelins ramoneurs qui savent lire. Un je veux bien, mais plusieurs… Ce sont des détails, mais je les ai remarqués. Néanmoins, il s’est rattrapé en présentant dans les annexes les personnages célèbres dont il a détourné l’existence, ce qui se révèle au final assez ludique.
Globalement, la lecture fut intéressante malgré de trop nombreuses longueurs. Je lirai probablement le tome 2, paru cette année parmi les titres du Mois du Cuivre, mais je ne vais pas non plus me précipiter dessus.