Le sortilège de la dague

Titre original : Daggerspell
Saga : Le cycle de Deverry
Rang dans la saga : N° 1
Editeur : Mnémos
Date de parution : mardi 1 novembre 2005
Public : 15 ans et plus
Genre : Fantasy historique
Note de la rédaction :

4° de couverture

Au royaume de Deverry, un jeune seigneur égoïste causa la mort de deux amants innocents. Rongé par le remords, il jura de ne trouver le repos qu'après avoir réparer ce tort.
Quatre cent ans plus tard, ce prince est devenu le puissant magicien Persaunn et cherche toujours à expier sa faute. Dans la toile qu'il a tissé, il a attiré les âmes de Rhodry, prince exilé d'ascendance demi-elfe et de Jill, fille d'un mercenaire aux dons magiques insoupçonnés. Ensemble, ils devront poursuivre la longue quête de leurs destins cachés.

« Le Dweomer est une plaine sauvage. De part et d'autre s'étendent des contrées qui ne figurent sur aucune carte, peuplées de bêtes sauvages, de gouffres et de marécages. Ne les prenez pas à la légère avant d'y avoir été confronté. » Le livre secret de Cadwallon le Druide.

Néée en 1944 aux États-Unis, Katharine Kerr est une grande dame de la Fantasy. Le sortilège de la dague, un récit d'aventures, d'amour éternel, de batailles et de pure magie marque le début d'une des plus belle série de fantasy de ces dernières années. Selon le Chicago Sun Times, « cette saga est de loin la meilleure série de fantasy celtique publiée ».

Notre avis

L'avis de Nairo 4/5


L'histoire suit Persaunn, magicien maîtrisant le Dweomer, à plusieurs époques différentes. En effet, l'auteure alterne entre l'histoire du Prince Galrion et celle de Persaunn, maître du Dweomer.


L'intrigue met en scène un quatuor amoureux sur fond d'histoire d'amour et d'inceste. Brangwen est une jolie jeune femme, fille du Seigneur du Clan des Faucons. Le prince Galrion a demandé sa main et l'a obtenue. Il est très amoureux de cette jeune femme, mais, parallèlement, il découvre son don pour le Dweomer avec l'herboriste Drekhor. Le vieil homme l'enjoint à aller trouver sa dulcinée pour lui demander si elle veut venir vivre avec lui, sachant que ce ne sera pas la vie princière à laquelle elle pouvait prétendre en l'épousant. De plus, il doit demander la permission de ses parents pour cette vie d’ermite, mais étant loin de la « succession », il suppose que ça ne posera pas de problème.

Sur place, Gerreant, le frère de Brangwen fait tout pour séparer les tourtereaux et Galrion ne trouve pas d'occasion pour lui exposer son projet. Il se voit obligé d'accompagner Gerreant chez Blaen, fils d'un seigneur de clan local et meilleur ami de Gerreant. Galrion apprend sur place que Blaen est amoureux de Brangwen. En parlant avec la mère de ce dernier, il apprend que Blaen accueillerait Brangwen si Galrion rompait leurs fiançailles. Malheureusement les choses ne se sont pas passées comme il l'escomptait et il s'est fait bannir du royaume par son père le Roi qui l'a affublé du nom de Persaunn.

Nous sommes dans un univers moyenâgeux, où les femmes sont dépendantes des hommes par le mariage. On assiste à différentes guerres, que ce soit pour la sauvegarde du royaume ou pour la succession. La magie est très présente mais un peu sur un plan « parallèle » dans le sens où le commun des mortels en a peur, et on rencontre également des elfes, des nains, des gnomes. L'ambiance est pleine de suspicions et de « racisme » que génère l'incompréhension face à ces différents peuples. Et l'on retrouve la haine farouche enracinée entre les elfes et les nains !

Persaunn se sent responsable de la mort de Brangwen et de Blaen, et jure, sur la tombe de sa dulcinée, de ne pas trouver le repos tant qu'il n'aura pas réparé son erreur en unissant les deux amants. Les dieux ont entendu sa promesse et l'ont acceptée. Quatre cents ans plus tard, il espère parvenir à ses fins.

On assiste donc aux différentes réincarnations de Gerreant, Brangwen et Blaen (et d'autres personnages secondaires) par des allers-retours (parfois perturbants) de l'auteur sur l'histoire des personnages. Heureusement, une correspondance des réincarnations en fin du livre, nous permet de nous y retrouver. L'auteur a beaucoup travaillé l'aspect humain des personnages, qui subissent le poids des coutumes. Ce qui m'a relativement étonnée, en contre-partie, c'est l'absence relative de la religion. Elle a travaillé la situation problématique sous toutes ses coutures, jusqu'à la solution qui lui parut la meilleure.

Ce qui m'a beaucoup plu, c'est qu'il n'y a pas de véritables méchants, juste des personnes confrontées à leurs propres démons intérieurs et aux choix qu'elles font.  Ces choix sont parfois la résultante de manipulation d'autres personnages ou liés aux coutumes et à l'éducation qu'ils reçoivent. Bref, tout ça est très humain ! Les personnages ne sont pas parfaits, ils ont leurs qualités et leurs défauts, ils ne sont pas « beaux, intelligents et riches » et c'est vivifiant !

L'auteur a abordé la situation en fonction des différents personnages. Le « héros » de l'intrigue n'est pas toujours le même. Persaunn est juste le fil d'Ariane de cette tragédie. En essayant de voir la situation sous les différents points de vue des personnages, j'ai vécu des sentiments humains : de la jalousie, de la lutte, de la corruption, de la manipulation... Développer sans spoiler me paraît complexe, j'ai pris beaucoup de plaisir à « incarner » les différents personnages pour comprendre leur ressenti.

Je m'intéresse beaucoup à l'être humain et ses réactions, c'est pourquoi j'ai principalement développé cette partie, mais il ne faut pas perdre de vue qu'il s'agit également de l'histoire d'un monde à part entière, d'influence celte, de guerres et de conquêtes. Il y a beaucoup d'actions, des combats, -on assiste même à des duels de magie-, de la stratégie et des complots. On ne tombe pas dans le « gnangnan » de la romance, d'ailleurs, celle-ci est presque secondaire. De plus, l'auteur nous fournit une carte qui nous permet de nous repérer dans l'espace, ainsi qu'un lexique en fin de livre pour éclairer notre compréhension sur certains termes (comme le Wyrd, qui représente le destin).

Bref, je pense que je continuerai la série très prochainement. J'ai passé un très bon moment en lisant ce livre et je le recommande (sans aller jusqu'à corroborer les propos du Chicago Sun Times, toutefois). Le Cycle de Deverry comporte 4 tomes.

Défi lecture 2012 - V&S et ABFA

J'ai chroniqué ce livre dans le cadre du défi lecture 2012 - catégorie : Auteur nord américain vivant

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