Ronces Blanches et Roses Rouges
4° de couverture
Orphelines d'un passé dont elles n'ont aucun souvenir, Sirona et sa jeune sœur Eloane sont aussi différentes qu'inséparables.Quand leur tutrice, Iphigénie Whitecombe, fiance l'aînée à un inconnu, leur avenir sombre dans l'incertitude... Pour échapper au mariage qui l'effraie et à la colère dévastatrice de Mme Whitecombe, Sirona prend la fuite.Au cœur d'une fôret obscure et de sa propre tourmente, elle se fait toutefois une promesse : celle de revenir chercher sa sœur. Quitte à affronter l'ours qui rôde dans son sillage. Quitte à suivre les ronces blanches et les roses rouges. Quitte à croire en la magie. Mais c'est sans compter sur l'énigmatique pianiste qui compse une toile de mélodies enivrantes, dans son château où la nuit est synonyme de toujours...
La musique, le désir de vengeance, l'amour véritable comme l'attirance malsaine tissent les fils rouges et blancs qui se croisent et se nouent jusqu'à la fin de ce récit enchanteur, inspiré par le conte des frères Grimm : Blanche-Neige et Rose-Rouge.
Notre avis
Avis de Perseneige :
Je referme les dernières pages de Ronces Blanches et Roses Rouges, et bien qu’il fût une lecture dépaysante et enchanteresse, ce n’est pas un coup de coeur.
Je croyais connaître le conte original des frères Grimm (que nous trouvons à la fin du roman de Leatitia Arnould, j’ai d’ailleurs apprécié cette jolie attention de la part de la maison d’édition), mais j’ai dû le confondre avec un autre… car l’histoire de Blanche-Neige et Rose-Rouge m’était inconnue, et j’ai pris plaisir à découvrir l’original. Une fois le texte source connu, il est d’autant plus intéressant de chercher dans la réécriture les éléments d’origine, étudier les adaptations qui sont faites, comprendre les interprétations qu’a pu en faire l’auteure, et j’admire tout l’univers construit par Laetitia Arnould autour de cette histoire d’amour fraternel.
Nous suivons Blanche/Sirona et Rouge/Eloane, toutes deux orphelines sans souvenirs à la suite d’un tremblement de terre, recueillies par l’énigmatique Iphigénie Whitecombe (je ne sais pas vous, mais moi j’adore le nom de ce personnage), elles grandissent dans un monde à mi-chemin entre le songe et la réalité, la forêt qui les entoure existe-t-elle réellement ou n’est-elle qu’un lieu enchanté loin du monde des hommes, lieu où la magie peut reprendre ses droits ? Bien sûr, étant une forêt de conte de fée, elle va conduire notre héroïne à grandir pour conjurer le sort...Tout le cheminement de ce conte nous amène à croire que la magie peut être partout et en chacun de nous, Sirona, notre héroïne principale est sceptique depuis son enfance face à la magie et toutes les aventures et les péripéties qu’elle connaît ne font que la conduire à reconnaître l’existence du surnaturel. Surnaturel qui la conduira à affronter ses peurs et à devenir au fur et à mesure des pages non plus une jeune adolescente candide mais une jeune femme capable de se défendre et dotée de jugeote (et heureusement qu’une des deux soeurs en est doté…).
Cette réécriture de conte m’a rappelé la Belle et la Bête, notamment grâce à la présence de cet ours protecteur, ou encore le Fantôme de l’Opéra. Pourquoi parler du personnage de Gaston Leroux lorsqu’on parle d’un conte de fée ? Eh bien parce que ce conte, au-delà d’être visuel à travers les descriptions faites des couleurs et des lieux, nous parle de musique, mais pas de n’importe laquelle. Vous avez sûrement vous aussi une fois entendu une musique qui a changé quelque chose en vous, une musique qui a arrêté le temps et vous a peut être même fait verser des larmes. Pour Sirona cette musique est celle que joue Le Pianiste, être mélancolique, reclus dans son château où règne une nuit éternelle. La scène de la valse est plus que voluptueuse et saura vous donner quelques frissons.
Je dois tout de même relever les points négatifs à mes yeux : tout d’abord j’ai eu du mal à déterminer le cadre spatio-temporel du récit, le prologue nous parle de télévision, pour qu’ensuite nous basculions dans cette forêt médiévale, ce qui a fait que je n’ai pas réussi à imaginer clairement le décor qui entourait les personnages. Ensuite, j’ai trouvé que le langage utilisé était trop courant, j’aurais souhaité rencontrer une langue soutenue (voire quelque peu désuète comme celle de Perrault). Selon moi, un conte est le résultat parfait entre une langue soutenue et maîtrisée et une intrigue enchanteresse, et dans le cas de Ronces Blanches et Roses Rouges, j’ai été chagrinée de ne pas y trouver une langue plus travaillée, plus adulte. Je pense notamment à un passage où on dit d’un personnage qu’il a « mal au crâne » , j’avoue avoir tiqué sur cette expression et à d’autres endroits également. De plus, j’ai deviné certains éléments de l’intrigue très rapidement, mais je sais que nous sommes dans une réécriture de conte et qu’il est normal de prévoir ce qu’il va advenir.
Pour résumer Ronces Blanches et Roses Rouges m’a emportée dans sa valse féerique, mais je regrette de ne pas y avoir trouvé une langue plus raffinée qui m’aurait conduite au pays des contes de fée. Un grand bravo à la maison d’édition pour ce premier roman, je suis à présent plus que curieuse de pouvoir lire leurs prochaines publications.