La censure de Dorian Gray
Source : fluctuat.net Rédigé par : Jack Harkness

On a tous lu au moins une fois Le Portrait de Dorian Gray ou bien vu le film qui est sorti en 2009. Mais saviez-vous que l'oeuvre a été censurée? J'en suis le premier surpris quand on connaît la vie d'Oscar Wilde surtout que c'est le seul ouvrage de ce dernier.

Tout à commencé en juin 1890. Le livre doit être publié dans une revue le Lippincott's Monthly Magazine. L'éditeur de Wilde, JM Stoddart, connaîssant sa vie, avait promis au directeur de la revue que Wilde rendrait un texte "acceptable".

Stoddart demande donc qu'on remanie le dit texte afin de supprimer toutes les allusions trop explicites à l'homosexualité du peintre Basil Hallward. Il supprime aussi les références aux "maîtresses" du personnage principal. Ainsi il a coupé "tous les passages dont émanait un parfum de décadence", déclare Nicholas Frankel qui est l'éditeur de la nouvelle version pour Harvard University Press.

Mais cela n'a pas empêché les critiques assez violentes et l'emploie d'adjectifs peu glorieux tels que "Vulgaire", "toxique" ou"sale"...

Un an plus tard, Wilde est obligé de le remanier une seconde fois pour permettre la parution chez un éditeur indépendant.

Voici un exemple. Il s'agit d'un morceau de répliques de Hallaward à Dorian:

Avant révision : "It is quite true I have worshipped you with far more romance of feeling than a man should ever give to a friend. Somehow I have never loved a woman." ("En vérité, je t'ai adoré avec bien plus de sentiments qu'un homme ne devrait jamais en éprouver pour un ami. En fait, je n'ai jamais aimé une femme.")

Après révision : "From the moment I met you, your personality had the most extraordinary influence over me." ("Depuis le moment où je t'ai rencontré, ta personnalité a exercé sur moi la plus extraordinaire des influences."). Etonnant, non?

Aujourd'hui, 130 ans après sa première publication, Harvard University Press va proposer une nouvelle édition annotée, conforme à l'originale. Pour Frankel, suite à l’évolution des mœurs, déclare : "Je crois que c'est la version que Wilde aurait voulu que nous lisions au 21e siècle".

Mais voilà... Nos chers amis américains puritains, notamment les universaires et les critiques littéraires, ne sont pas convaicus par cette réédition. Ils veulent que ces ajouts soient fait sous forme d'annexe. Ah ces américains... 

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